Elle est prête à y aller. Forte de la majorité relative obtenue lors du vote des militants, Ségolène Royal sera bien candidate au poste de premier secrétaire du Parti socialiste français, a annoncé mardi un de ses proches à trois jours de l'ouverture du congrès de Reims.

La présidente de la région Poitou-Charentes, qui a refusé de s'exprimer mardi, devrait préciser ses intentions en dévoilant mercredi ses propositions pour la nouvelle gouvernance du PS.Si aucune décision n'est officiellement prise, les informations convergent: Mme Royal, qui avait mis sa candidature «au frigidaire» le 15 septembre dernier pour favoriser son alliance avec les barons locaux du PS, sera bien candidate à la succession de son ex-compagnon François Hollande.

Le porte-parole du PS Julien Dray, proche de la candidate, a confirmé mardi à l'Associated Press l'information annoncée par «Le Monde»: «d'après mes informations, c'est vrai», a déclaré le député de l'Essonne.

Selon le quotidien Le Monde, la présidente de la région Poitou-Charentes proposera dans les prochains jours une nouvelle organisation de la direction du PS. Un premier secrétaire (ou président) devrait chapeauter une direction composée d'un premier secrétaire délégué et d'une «équipe rajeunie».

Lundi après-midi, devant les mandataires départementaux de sa motion réunis au Sénat, Mme Royal n'avait pas annoncé explicitement sa candidature. Mais ses proches avaient tous convenu que la majorité relative de 29% obtenue jeudi dernier lors du vote des militants la rendaient «légitime».

«C'est l'hypothèse sur laquelle on est», a tempéré une proche de Mme Royal interrogée par l'AP. «Cela ne veut pas dire que c'est décidé.»

En septembre dernier, Ségolène Royal avait mis «au frigidaire» sa candidature jusqu'au vote des militants. Après sa victoire relative, elle a hésité entre deux options, être candidate elle-même ou proposer un proche (Vincent Peillon, Julien Dray ou François Rebsamen) comme solution de compromis.

Le congrès du PS se tient le week-end prochain à Reims. Le successeur de François Hollande, qui passe la main après 11 ans à la tête du parti, sera élu le 20 novembre par les militants.

En se portant candidate, Mme Royal est confrontée au risque d'un front de ses concurrents contre elle, sur fond d'ambitions rivales pour la présidentielle de 2012. Pour conjurer ce risque et constituer une majorité, elle a multiplié depuis vendredi les contacts avec les autres motions, et notamment celles de Bertrand Delanoë et Martine Aubry, au coude-à-coude avec 25% des voix chacun. Elle a notamment reçu lundi soir pendant une heure et demie M. Delanoë dans ses bureaux parisiens, selon son entourage, qui a qualifié la rencontre de «conviviale».

La finaliste de l'élection présidentielle de 2007, dont les relations avec le «vieux parti» sont difficiles, s'efforce aussi de clarifier sa position sur la question qui fâche, celle des alliances. Plus que méfiants, ses concurrents lui prêtent l'intention de négocier un contrat de gouvernement avec le MoDem de François Bayrou.

Dans un document de travail transmis aux autres motions, dont l'Associated Press a obtenu une copie, Mme Royal rappelle que la stratégie du PS «a toujours consisté d'abord à rassembler la gauche, toute la gauche, autour d'un contrat de gouvernement», puis à s'adresser «seulement ensuite à toutes les forces susceptibles de se reconnaître dans le projet socialiste pour battre la droite».

Les responsables des autres motions n'ont pas voulu commenter la candidature de Ségolène Royal avant qu'elle ne soit officialisée. Les amis de Martine Aubry ont prévu de réagir après leur réunion prévue mercredi après-midi au conseil régional d'Ile-de-France. La maire de Lille doit elle aussi clarifier ses intentions.