La Russie, qui a menacé de «brouiller» le bouclier antimissile américain que les Etats-Unis veulent déployer dans l'est de l'Europe, ne devrait pas pouvoir y parvenir pour des raisons techniques, estime un expert de la publication spécialisée sur la défense Jane's.

Le président russe Dmitri Medvedev, a annoncé mercredi le déploiement de missiles de type Iskander dans la région de Kaliningrad (enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie) pour pouvoir brouiller le système antimissile que les Etats-Unis veulent déployer dans l'est de l'Europe.

«Je ne pense pas que ce soit possible à cause des limites de la zone de couverture» d'un système de brouillage de radars, a expliqué à l'AFP Doug Richardson, rédacteur en chef du magazine «Jane's Missiles & Rockets» qui voit dans le discours du président russe une déclaration avant tout politique.

Washington prévoit d'installer une nouvelle station radar à Brdy, au centre de la République tchèque assorti d'un système d'interception de missiles en Pologne, ce que la Russie considère comme une menace directe pour ses intérêts.

«Les Russes sont plutôt doués en ce qui concerne la technologie du brouillage radar» mais «les simples lois de la physique ne devraient pas rendre possible un brouillage à cette distance» à cause de ce que les physiciens appellent «l'horizon radar», explique l'expert.

Les ondes radar se propagent en effet plus ou moins en ligne droite et leur portée est donc limitée par la courbure de la Terre. L'horizon radar sera d'autant plus grand que l'antenne sera placée plus haut.

Or un système de brouillage radar, qui fonctionne de la même façon, installé à Kaliningrad se situerait à plus de 400 milles nautiques (740 km) du site proposé pour le radar en République tchèque, soit hors de portée de tout système de brouillage fixe.

Même si un tel système de brouillage était disposé dans un avion -- variante compliquée puisqu'elle supposerait une flotte se relayant -- son horizon radar ne pourrait atteindre qu'environ 250 milles nautiques (460 km), ce qui serait encore trop court, selon cet expert.

M. Richardson ne considère pas non plus qu'un brouillage par satellite soit possible.

«Il y a encore un problème de couverture, un satellite ne reste pas longtemps au-dessus d'une même région», souligne-t-il.

Et dans le cas d'un satellite géostationnaire, qui a une orbite fixe à 36.000 km au dessus de la terre, «il y aurait à cette distance une trop grande perte de puissance», observe-t-il.