Le Parti démocrate italien (PD), principale force d'opposition, va examiner mardi le cas d'une députée, membre de l'Opus Dei, qui aurait prononcé des propos homophobes et dont des militants réclament l'exclusion, une première dans la vie politique de la Péninsule, selon les médias.

Le service de presse du PD, interrogé par l'AFP, a refusé de confirmer la tenue d'une réunion à ce sujet. Selon l'agence Ansa, c'est la première fois dans l'histoire politique de l'après-guerre qu'un parti «juge» l'opinion d'un de ses membres.La députée Paola Binetti (65 ans), figure de proue des catholiques conservateurs au sein du PD de Walter Veltroni, a établi un lien entre homosexualité et pédophilie dans une récente interview, déclenchant une vive polémique.

«Des tendances homosexuelles fortement enracinées présupposent l'existence d'un instinct qui peut se révéler incontrôlable. De là, le risque de pédophilie», a-t-elle déclaré vendredi au Corriere della Sera, commentant un récent document du Vatican sur l'incompatibilité entre homosexualité et prêtrise.

Saisie d'une quarantaine de recours, la «commission de garantie» du PD va donc commencer à examiner cette affaire mardi.

«Aujourd'hui, nous pourrons seulement ouvrir une instruction. La majeure partie des 40 recours réclament l'expulsion de la députée. Mais cela n'est pas prévu par notre statut. Nous allons donc devoir faire jurisprudence», a déclaré au Corriere de mardi le président de la commission, Luigi Berlinguer, cousin d'Enrico Berlinguer, le défunt secrétaire du Parti communiste italien.

Une autre députée du PD, Paola Concia, qui défend les droits des homosexuels, a réclamé dans une lettre à Walter Veltroni «la mise à l'écart de la Binetti et de ses préjugés».

Tout en rappelant la position du PD «sur la lutte contre toutes les formes de discriminations et notamment l'homophobie», Walter Veltroni a souligné mardi, dans un communiqué, qu'il ne pouvait pas exister au sein du parti de «délit d'opinion», cherchant visiblement à clore cette affaire.