Un Rwandais, Pascal Simbikangwa, objet d'un mandat d'arrêt international pour participation présumée au génocide de 1994, a été arrêté mardi sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, et déféré vendredi devant un juge, a indiqué une source judiciaire.

Pascal Simbikangwa avait été interpellé dans une affaire de faux-papiers, et l'enquête a permis de découvrir qu'il était recherché par Interpol notamment pour génocide et complicité et conspiration de génocide, ainsi que pour crime organisé.Présenté comme un ancien responsable des renseignements généraux du gouvernement hutu au Rwanda, le capitaine Simbikangwa fait l'objet de demandes d'extradition par le Rwanda et le tribunal international d'Arusha.

Il a été déféré vendredi devant un juge d'instruction dans le cadre d'un procédure pour «faux-papiers et aide au séjour irrégulier en bande organisée,» a précisé Marc Brisset-Foucault, procureur de la République à Mayotte.

«Le ministre de la Justice va envoyer, en me demandant de l'exécuter, la demande d'extradition qui a été adressée par les autorités rwandaises au gouvernement français», a ajouté le magistrat.

Cette procédure d'extradition se déclenchera parallèlement à celle de faux-papiers, a-t-il précisé.

Arrivé clandestinement à Mayotte en 2005, après cinq ans de séjour aux Comores, autre île française, Pascal Simbikangwa, qui est cloué dans un fauteuil roulant, se livrait à Mayotte à un trafic de faux papiers sous la fausse identité de Safari Sedinawara, a précisé Yvon Carratera, directeur de la Police aux Frontières de Mayotte.

«Au vu des deux identités (du suspect), nous avons pu contacter Interpol pour voir si cette personne était recherchée à un titre quelconque», a précisé le responsable policier, en soulignant que ses services n'avaient «aucune idée particulière des faits qui pouvaient lui être reprochés» au moment de son arrestation.

L'enquête a mis au jour l'existence depuis deux ans de deux ateliers de faux papiers à Mayotte. Les forces de l'ordre ont saisi des milliers de faux papiers, passeports, cartes d'identité, fausses cartes professionnelles de gendarmes et tampons.

Les faussaires ont vendu des faux papiers à 3.000 personnes au prix de 100 euros pièce.

Pascal Simbikangwa a été écroué à Majicavo au nord de l'île. Son jugement dans la procédure de faux-papiers, pour laquelle il encourt jusqu'à 10 ans de prison, est prévu le 10 novembre prochain.

Le génocide au Rwanda a fait selon l'ONU 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés.

Il est sujet de tensions récurrentes entre Paris et Kigali, qui accuse la France d'avoir aidé, voire participé, au génocide de 1994, ce que la France dément avec énergie.

Kigali a rompu en novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge Jean-Louis Bruguière eut réclamé des poursuites contre le président rwandais Paul Kagame pour sa «participation présumée» à l'attentat contre l'avion de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, un élément déclencheur du génocide.