L'Italie a fait l'école buissonnière jeudi, avec une grève générale dans l'école primaire contre la réforme de l'éducation du gouvernement de Silvio Berlusconi, tandis que des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Rome.

Selon les organisateurs, environ un million de personnes ont manifesté dans la capitale alors que 90% des écoles du pays étaient fermées.

Aucune estimation de la police n'était disponible à la mi-journée.

Les deux chefs de l'opposition de gauche, Walter Veltroni pour le Parti démocrate (PD) et l'ex-juge anticorruption Antonio Di Pietro de l'Italie des valeurs (IDV), ont participé au cortège, ainsi que plusieurs leaders syndicaux, dont Guglielmo Epifani, chef de la CGIL (gauche), principale confédération syndicale.

Le défilé, précédé d'importantes forces de police, s'ouvrait par une grande banderole proclamant «Tous unis pour l'école», tandis que les manifestants portaient des ballons de toutes les couleurs.

«Ne nous volez pas notre avenir», «Une école appauvrie créée une société misérable», proclamaient les pancartes brandies par les protestataires, dont des mères de famille venues avec des enfants âgés de 5-6 ans.

Le Parlement a adopté définitivement mercredi la loi sur la réforme controversée de l'école. Le PD a annoncé une campagne de signatures contre la loi afin d'obtenir son annulation via un référendum.

L'opposition, comme les syndicats et les manifestants qui ont multiplié les protestations et les occupations de lycées et d'universités ces quinze derniers jours, réclament le retrait pur et simple du texte, qui prévoit notamment le retour au professeur unique dans le primaire, des coupes de plus de 9 milliards d'euros et plus de 130.000 suppressions d'emplois.

«Ce n'est pas un projet de réforme mais des coupes budgétaires. Le gouvernement démolit l'école publique pour la remplacer par un système privé. Il ne veut pas discuter et nous allons poursuivre la mobilisation», a déclaré Domenico Pantaleo, responsable de la fédération enseignement du syndicat CGIL.

«Nous sommes opposés à cette réforme qui nous pénalise tous, enseignants et élèves. Des dizaines de milliers de personnes vont se retrouver sans travail», a dénoncé Carmela, venue de Monza (nord) pour défiler avec son fils lycéen.

Des centaines de Romains ont suivi la manifestation de leur fenêtre ou de leur balcon.

Des manifestations se sont également déroulées dans d'autres villes italiennes.

Selon l'agence Ansa, des milliers de lycéens et d'étudiants ont paralysé le trafic dans la matinée à Milan, la capitale économique du pays.

A Turin, toujours dans le nord, 50.000 manifestants ont été accueillis en musique par l'orchestre du théâtre de la ville, tandis qu'à Venise, plusieurs milliers de jeunes ont bloqué le pont reliant la cité lagunaire à la terre ferme.

Les mêmes scènes se sont répétées à Brescia, Bolzano ou Trente (nord), comme à Cagliari, en Sardaigne, à Naples et dans d'autres villes du sud, Crotone, Vibo Valentia ou Reggio de Calabre, selon la même source.

La manifestation contre la réforme de l'éducation intervient moins d'une semaine après celle organisée par le PD contre le gouvernement de Silvio Berlusconi et qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans le centre de Rome.

Une grève générale dans l'enseignement supérieur, également touché par d'importantes restrictions de crédit, est prévue le 14 novembre prochain.