Deux personnes ont été tuées samedi en Géorgie par l'explosion d'une bombe près de l'Abkhazie, une des deux régions séparatistes soutenues par la Russie autour desquelles la tension reste vive depuis le conflit russo-géorgien du mois d'août, a annoncé Tbilissi.

Le maire d'une localité géorgienne, Guia Mebonia, et un villageois géorgien ont trouvé la mort, tandis qu'un policier a été blessé et se trouvait samedi soir dans un état stable, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur Chota Outiachvili.

L'engin activé à distance a explosé alors que la police et des responsables locaux enquêtaient sur une attaque à la grenade commise contre une maison vide dans le village frontalier de Moujava, a-t-il précisé.

La police soupçonne des militants abkhazes d'être à l'origine de cette attaque, a-t-il ajouté.

Trois grenades ont été lancées sur cette maison samedi matin et une bombe télécommandée a explosé quelques heures plus tard, après l'arrivée des enquêteurs, a expliqué M. Outiachvili.

«C'est la police qui était de toute évidence visée car ils savaient que des policiers se rendraient sur place pour enquêter», a-t-il déclaré.

Le chef de la police du district abkhaze de Gali, Lawrence Kogonia, a démenti toute attaque. «Pendant les dernières 24 heures, il n'y a eu aucun incident ou tir dans les localités situées sur la frontière avec la Géorgie», a-t-il déclaré à l'agence de presse russe Interfax.

La situation reste très tendue autour de l'Abkhazie et de l'autre région séparatiste géorgienne, l'Ossétie du Sud, depuis le bref conflit d'août.

Les forces russes sont entrées en Géorgie le 8 août pour repousser une tentative de Tbilissi de reprendre par la force le contrôle de l'Ossétie du Sud. Aux termes d'un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'Union européenne, les soldats russes se sont retirés à l'intérieur des deux régions séparatistes dont Moscou a reconnu fin août l'indépendance, suscitant des protestations de l'Occident.

Une mission de l'UE patrouille aux abords de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie pour surveiller le respect du cessez-le-feu mais n'a pas obtenu de la Russie de pouvoir entrer dans ces deux régions.

Tbilissi a déclaré vendredi que les forces russes avaient fait exploser un pont reliant l'Abkhazie à l'ouest de la Géorgie, pour isoler les Géorgiens vivant dans la région séparatistes.

La Géorgie avait accusé auparavant Moscou d'avoir déployé 2 000 soldats supplémentaires en Ossétie du Sud, portant leur nombre à environ 7 000, et le vice-ministre géorgien des Affaires étrangères Grigol Vachadzé a parlé d'une «provocation destinée à maintenir un état d'instabilité en Géorgie».

La Russie a nié que des forces supplémentaires aient été déployées et a indiqué en rester à son projet de maintenir une force de 7 600 hommes au total dans les deux régions séparatistes.

L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont échappé au contrôle de Tbilissi à la suite de conflits armés au début des années 1990, au cours desquels des milliers de personnes ont trouvé la mort et des dizaines de milliers d'autres ont été déplacées.