San Francisco pourrait devenir la première grande ville des Etats-Unis à dépénaliser la prostitution, si les électeurs approuvent le mois prochain la «proposition K», une mesure qui interdirait aux autorités locales d'enquêter, d'arrêter ou de poursuivre quelqu'un pour avoir vendu son corps.

 

Techniquement, la question soumise au vote ne légaliserait pas la prostitution, qui serait toujours interdite par la loi de l'État de Californie. Mais la mesure ôterait aux autorités locales de police et de justice le pouvoir d'engager des poursuites contres les prostitué/es.

Les partisans de cette mesure soulignent qu'elle libérerait jusqu'à un million de dollars, dépensés chaque année les forces de l'ordre pour pratiquer des arrestations pour prostitution. La police en a effectué 1.583 en 2007, et s'attend à un chiffre similaire cette année. Pour ses défenseurs, la «proposition K» permettrait aussi aux prostitué/es de s'organiser en syndicats pour défendre leurs droits, et de ne ressentiraient plus le besoin de faire appel à des proxénètes pour les protéger.

Mais même dans une ville aussi tolérante -où une foire dédiée au sadomasochisme attire plus de 400.000 touristes- la proposition suscite une controverse grandissante, la plupart des membres de la classe politique locale y étant opposés. Le parti démocrate local la soutient, mais le maire, le procureur de la République, la police et la majorité des milieux d'affaires sont contre cette idée, estimant qu'elle augmenterait la prostitution dans la rue.

Par ailleurs, la «proposition K» empêcherait aussi la police d'accepter les financement de l'État fédéral ou de la Californie pour enquêter sur des réseaux de proxénètes.

Aux États-Unis, certaines formes de prostitution sont déjà légales dans deux États. Les maisons closes sont autorisées dans les comtés ruraux du Nevada, tandis qu'au Rhode Island, la prostitution est légale entre adultes consentants dans des lieux privés, mais elle est interdite dans la rue ou dans des maisons closes