Cérémonie dans la plus stricte intimité, hommage discret des anonymes: le village de Callian a fait ses adieux mercredi à Soeur Emmanuelle dans la simplicité à laquelle la religieuse avait toujours aspiré, avant un hommage plus solennel prévu à Paris.

 

Soeur Emmanuelle repose désormais dans le petit cimetière situé sur les hauteurs du village où elle vivait depuis 1993, dans le carré réservé aux religieuses de l'Ordre de Notre-Dame de Sion, la congrégation où elle avait prononcé ses voeux.

Peu avant 11h30 (5 h 30 HAE), le cortège funéraire emportant son cercueil couvert de fleurs s'est ébranlé de la maison de retraite «Le Pradon» où Madeleine Cinquin -son vrai nom- est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à 99 ans.

Durant l'heure qui avait précédé, une cérémonie «simple et sobre», selon le maire de Callian François Cavallier, a réuni dans la chapelle de l'établissement quelques membres de la famille de Soeur Emmanuelle ainsi que les pensionnaires et le personnel du Pradon.

«Cela n'a rien d'exceptionnel. Soeur Emmanuelle avait demandé des obsèques comme celle de tous les soeurs», avait prévenu le père Maurice Franc avant le début de la messe.

Ses sentiments, a-t-il expliqué, mêlent «l'émotion et la sérénité. Emotion face à quelqu'un que l'on a perdu et sérénité de savoir qu'elle sera bien dans sa nouvelle demeure».

En résonance à la vie dédiée aux plus pauvres de la religieuse franco-belge, le curé a choisi de lire un extrait de l'évangile selon Saint-Mathieu, lorsque le Christ s'adresse à ses fidèles: «J'étais nu, vous m'avez habillé, j'avais faim, vous m'avez donné à manger».

De l'autre côté de la grille qui clôt la maison de retraite, les anonymes venus rendre hommage à Soeur Emmanuelle étaient moins nombreux que la trentaine de journalistes présents, mais emplis d'admiration et de ferveur pour la disparue.

«Elle était unique, on n'en aura pas d'autres comme elle, aussi généreuse», se désole Josette Roustan, une habitante de Callian.

Dans le livre de condoléances, plus de 150 messages ont déjà été déposés, mots d'adieu et remerciements «pour la sérénité», «la joie» ou «le courage».

Dans un registre plus solennel, une messe de requiem, organisée par l'épiscopat pour «répondre à l'émotion populaire», est prévue à 15 heures (9 h HAE) à Notre-Dame de Paris, en présence de nombreuses personnalités dont le président Nicolas Sarkozy.

Un message posthume de Soeur Emmanuelle, enregistré pour la promotion de son livre «Confessions d'une religieuse», à paraître jeudi, a par ailleurs été diffusé par l'éditeur.

«Lorsque vous entendrez ce message, je ne serai plus là. En racontant ma vie, toute ma vie, j'ai voulu témoigner que l'amour est plus fort que la mort. J'ai tout confessé - le bien et le moins bien - et je peux vous le dire. De là où je suis, la vie ne s'arrête jamais pour ceux qui savent aimer», déclare Soeur Emmanuelle dans ce court texte.

Samedi, une messe sera enfin célébrée, selon les souhaits de Soeur Emmanuelle, à la chapelle Notre-Dame de la Médaille miraculeuse à Paris.