Les Bosniaques votaient dimanche pour des élections municipales qui, selon les analystes, devraient confirmer la suprématie des partis nationalistes au pouvoir, représentant les trois communautés musulmane, serbe et croate.

Lors de ce quatrième scrutin municipal organisé depuis la fin de la guerre de 1992-95, un peu plus de trois millions de Bosniaques sont appelés à élire leurs représentants dans 149 conseils municipaux ainsi que les maires, parmi quelque 29 000 candidats.

Les premiers résultats partiels étaient attendus vers minuit (16H00 HAE).

Les analystes prédisent un faible taux de participation en raison de l'apathie des électeurs, aggravée par une campagne électorale marquée par une rhétorique nationaliste où les hommes politiques n'ont pas présenté de solutions concrètes concernant la politique municipale.

Trois heures après l'ouverture du scrutin, le taux de participation était de 4,3% à Zenica (centre), 6% dans la capitale Sarajevo, 7,7% à Tuzla (nord-est) et 10,5% à Banja Luka (nord), ont indiqué les Commissions électorales de ces municipalités.

Le taux de participation le plus bas, inférieur à 50% des électeurs inscrits, a été enregistré lors des dernières élections générales de 2006.

«Je suis très déçue des politiciens. Ils ne font que des promesses vides» de contenu, a déclaré Ata Dautovic, une retraitée de Sarajevo qui a néanmoins rempli son devoir électoral.

Aucun sondage n'a été réalisé avant le vote, mais les analystes prédisent une victoire des formations nationalistes au pouvoir.

Le Parti de l'Action démocratique (SDA) et le Parti pour la Bosnie-Herzégovine (SBiH), deux formations musulmanes, l'Union des sociaux-démocrates indépendants (SNSD), serbe, et la Communauté démocratique croate (HDZ) devraient recueillir le plus grand nombre de suffrages dans les régions où chaque communauté est majoritaire.

L'analyste politique Milos Solaja estimait avant le vote que «la plupart des gens se laisseront encore guider par la peur qui leur a été inculquée, de la domination politique d'une autre communauté».

Aux termes de l'accord de paix de Dayton (États-Unis) qui a mis fin à la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités, la Republika Srpska (serbe) et la Fédération croato-musulmane, unies par de faibles institutions centrales.

Le pays, où le maintien de la paix est assuré par quelque 2 500 militaires de la Force de l'Union européenne (Eufor), est un des plus pauvres d'Europe.

Mais une majorité de ministres européens de la Défense s'est prononcée récemment pour un retrait des soldats européens de Bosnie, et le lancement d'une autre opération civile ou militaire, en raison de l'amélioration de la situation.

Le salaire moyen mensuel, largement insuffisant, est d'environ 370 euros et le chômage touche quelque 40% de la population active de ce pays de 3,8 millions d'habitants, selon les chiffres officiels.

La Bosnie a engagé en juin sa première étape du rapprochement avec l'UE par la signature d'un Accord de stabilisation et d'association, mais des pressions de la communauté internationale sont toujours nécessaires pour faire adopter les réformes requises.