L'ancien chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic, accusé de crimes de guerre et contre l'humanité, a exprimé vendredi ses «regrets» pour les victimes et clamé son innocence devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

 

«Je regrette profondément qu'il y ait eu des victimes de crimes dans la République fédérale de Yougoslavie. Toute vie perdue est une perte irréparable, mais une vie perdue en raison d'un crime est encore plus irréparable», a déclaré Momcilo Perisic au deuxième jour de son procès à La Haye.

«En tant que soldat professionnel, je déteste la guerre», a-t-il dit. «En particulier la guerre en République fédérale de Yougoslavie, qui était une guerre civile, religieuse, interethnique, c'est la pire chose qui puisse arriver dans une société».

«J'espère que cela n'arrivera jamais plus», a insisté M. Perisic.

A propos de «ma conduite, mon rôle, mon environnement, le contexte : mes avocats vont contribuer à l'établissement de tous les faits et prouver mon innocence. C'est après tout une obligation que j'ai envers ma famille, mon armée, mon pays», a-t-il ajouté.

Il a rappelé qu'il s'était rendu volontairement au TPI en mars 2005 «avant que l'acte d'accusation ne soit rendu public».

Plus haut responsable de l'armée yougoslave à être jugé par le TPI, Momcilo Perisic, 64 ans, est poursuivi pour son rôle dans le siège de la capitale bosniaque Sarajevo entre août 1993 et novembre 1995, le bombardement de Zagreb par les Serbes de Croatie (mai 1995) et le massacre de près de 8.000 Musulmans à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie (juillet 1995).

Il plaide non coupable de treize chefs d'accusation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour meurtres, persécutions pour motifs politiques, raciaux et religieux, exterminations et attaques contre des civils.

Selon l'accusation, Momcilo Perisic a, en tant que chef d'état-major de l'armée yougoslave, fourni personnels, armement et aide logistique à l'Armée des Serbes de Bosnie (VRS) lors du siège de Sarajevo et le massacre de Srebrenica, et à l'Armée de la Krajina serbe, la force armée de l'entité serbe autoproclamée en Croatie.

«Il n'est encore jamais arrivé qu'un chef d'état-major d'une armée soit tenu responsable de crimes commis par des membres d'une force armée d'une autre entité», a estimé M. Perisic.

«J'ai été nommé chef d'état-major de l'armée yougoslave dans une situation extrêmement complexe. En août 1993, la Croatie voisine se trouvait entre la guerre et la paix. En Bosnie-Herzégovine qui avait récemment fait sécession, la guerre était en pleine escalade», a-t-il expliqué.

Le procureur avait rappelé jeudi à l'ouverture du procès que Momcilo Perisic était «l'un des principaux collaborateurs» de Slobodan Milosevic, l'ancien président yougoslave, mort dans sa cellule à La Haye en 2006.