L'atterrissage d'urgence de l'avion du président ukrainien Viktor Iouchtchenko, qui s'est ensuite servi de l'appareil prévu pour sa première ministre Ioulia Timochenko, a provoqué une nouvelle dispute entre les deux dirigeants, en vif conflit politique.

«L'avion du président a effectué un atterrissage d'urgence à l'aéroport Boryspil (de Kiev, ndlr) en raison de problèmes techniques, une vingtaine de minutes après le décollage», sans faire de victimes, a annoncé à l'AFP la porte-parole du chef de l'Etat, Irina Vannikova.M. Iouchtchenko est reparti pour Lviv (ouest) avec l'appareil du Premier ministre, Ioulia Timochenko, qui devait s'envoler pour Moscou une heure plus tard pour y discuter de l'accord gazier pour 2009.

L'incident a déclenché les foudres de Mme Timochenko dont le départ a été retardé en conséquence.

«La délégation gouvernementale a été privée de son avion sciemment, pour faire échouer les négociations», a accusé une porte-parole de Mme Timochenko, Marina Soroka, citée par Interfax.

Finalement, Mme Timochenko est partie pour Moscou à bord d'un petit avion privé, selon son service de presse. Une partie de sa délégation a dû rester à l'aéroport en attendant qu'un autre vol soit organisé.

La partie présidentielle a présenté ses excuses à la délégation gouvernementale, assurant avoir agi dans le respect des normes de sécurité.

«Je demande pardon pour ces inconvénients», a déclaré le chef du service de protection des hauts responsables d'Etat, Valeriy Gueletey, selon les images retransmises à la télévision.

Selon lui, le président s'est servi de l'avion gouvernemental faute d'un appareil de rechange qui doit normalement être préparé pour chaque déplacement des dirigeants ukrainiens.

Jeudi, sur les cinq avions utilisés pour transporter de hauts responsables d'Etat, deux étaient en réparation et trois autres ont été réservés pour les vols du président, du Premier ministre et du roi Carl XVI Gustaf de Suède, en visite en Ukraine, selon les autorités.

Or, l'avion du Premier ministre, qui devait décollé plus tard que celui du président, est automatiquement devenu un appareil de rechange, alors que l'avion avec le roi de Suède à bord avait déjà décollé, selon M. Gueletey.

Aussi insignifiant qu'il puisse paraître, cet incident semble avoir aggravé davantage les relations entre M. Iouchtchenko et Mme Timochenko, à couteaux tirés depuis l'éclatement de leur coalition gouvernementale pro-occidentale.

Lorsque les deux responsables se sont croisés à l'aéroport après l'atterrissage d'urgence, Mme Timochenko «ne s'est même pas approchée du président pour lui dire bonjour..., en violation non seulement des règles du protocole mais même de l'éthique», s'est insurgée la porte-parole de la présidence.

Le parti du président Iouchtchenko, qui formait une majorité gouvernementale avec le bloc Timochenko, l'a quittée en septembre après l'adoption d'une série de lois réduisant les pouvoirs présidentiels lors de votes conjoints du bloc Timochenko et de l'opposition pro-russe.

Si cette alliance n'est pas reconduite ou si une nouvelle coalition n'est pas formée d'ici à la mi-octobre, voire, selon nombre d'experts, vendredi, le chef de l'Etat a le droit de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles législatives, auxquelles Mme Timochenko est catégoriquement opposée.