La Russie a été critiquée mardi pour son «interventionnisme» et la Géorgie, dans une moindre mesure, pour son «aventurisme» par les parlementaires du Conseil de l'Europe qui ont demandé une enquête internationale indépendante sur le conflit.

«Qui a tiré le premier c'est important bien sûr, mais la situation n'est pas claire et nécessite une enquête internationale impartiale», a estimé le secrétaire général du Conseil de l'Europe Terry Davis.

Sans citer de pays, il a évoqué «des centaines de tués, des milliers en fuite, des maisons détruites» dans «cette crise de dimension historique pour la région».

Le chef du groupe conservateur de l'Assemblée parlementaire (APCE) de l'organisation, le Belge Luc Van den Brande, a estimé «inacceptable» la reconnaissance par Moscou de l'indépendance autoproclamée de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

Le Français Laurent Béteille a dénoncé «la nostalgie de la puissance passée et l'idéal revanchard» de la Russie qui «considère toujours ses anciens satellites comme des dominos».

Il a aussi estimé que la Géorgie s'était «fourvoyée» dans un aventurisme militaire en voulant se faire respecter par les armes et en subissant une défaite.

Guiorgui Gabashvili, parlementaire géorgien, a exigé le retrait de toutes les forces russes alors que «des pans entiers du pays sont encore occupés avec la menace de nettoyage ethnique».

Les représentants russes ont répliqué aux critiques en évoquant le Kosovo pour justifier la reconnaissance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie et la «défense de femmes sur lesquelles on tirait» pour expliquer l'engagement armé.

Selon le Russe Leonid Slutsky, «le gouvernement géorgien n'a pas laissé d'autre choix aux Ossètes du Sud que de s'occuper de leur défense et de demander leur indépendance.

Le conservateur français Jean-Claude Mignon a proposé que l'APCE se réunisse en session extraordinaire si le protocole d'accord en six points cosigné par Nicolas Sarkozy n'était pas appliqué selon le calendrier prévu.

Le débat se poursuivra jeudi matin, mais l'ACPE se prononcera mercredi sur une éventuelle levée du droit de vote de la délégation russe sanctionnant son engagement en Géorgie.

Si cette sanction était votée, ce serait la 2e fois qu'elle serait appliquée à Moscou, après un précédent en avril 2000 lors de la guerre en Tchétchénie.

Un vote hostile apparaissait toutefois improbable, le rapport d'une commission de l'APCE distribué lundi dénonçant «le recours sans discrimination à la force par les troupes géorgiennes et russes dans des zones civiles».

Membre du groupe conservateur, ultra majoritaire à l'APCE, le Suédois Göran Lindblad a en outre estimé mardi que l'APCE «est une enceinte propice pour restaurer un dialogue entre les deux Etats», semblant exclure un vote-sanction.