La France et l'Inde ont signé mardi un accord de coopération dans le secteur du nucléaire civil qui ouvre la voie à la vente de réacteurs français sur le marché indien, au cours de la visite à Paris du Premier ministre indien Manmohan Singh, a annoncé la présidence française.

Cet accord «constituera la base d'une coopération bilatérale élargie dans le domaine de l'énergie et de la recherche», indique la déclaration commune publiée à l'issue du sommet franco-indien.

Le document cadre, qui couvre aussi bien la recherche fondamentale ou appliquée que l'éventuelle livraison de réacteurs nucléaires, avait été paraphé par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) français et son équivalent indien pendant la visite en Inde de Nicolas Sarkozy fin janvier.

L'Inde dispose déjà de 22 réacteurs atomiques et souhaite renforcer son parc civil.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en juillet puis le Groupe des 45 pays fournisseurs de technologies nucléaires (NSG) en septembre ont permis la signature «politique» de cet accord en levant de fait l'embargo international imposé depuis trente-quatre ans à l'Inde, puissance atomique militaire qui n'a pas signé le traité de non-prolifération (TNP).

Avec ce double feu vert, la communauté internationale a accordé un régime dérogatoire à l'Inde puisque le NSG interdit en principe tout commerce nucléaire avec les Etats qui n'ont pas signé le TNP. En échange, New Delhi s'est engagée à placer 14 de ses 22 réacteurs sous le contrôle de l'AIEA.

Outre l'accord avec Paris, l'Inde a déjà signé en juillet 2005 un pacte nucléaire avec les Etats-Unis, où M. Singh s'est rendu la semaine dernière. La Chambre des représentants américaine a ratifié samedi ce texte, qui doit désormais l'être par le Sénat.

L'Inde dispose aussi d'un accord prêt avec la Russie, son partenaire historique, qui équipe déjà une centrale dans l'Etat du Tamil Nadu (sud).

Pour faire face à ses besoins croissants en énergie, l'Inde souhaite renforcer sa capacité nucléaire civile de 60.000 mégawatts sur quinze ans, un marché très prometteur évalué à 100 milliards d'euros d'investissements.

Selon le patronat indien, les entreprises françaises pourraient à elles seules rafler jusqu'à un quart de ce gigantesque marché.

A la veille de la signature de cet accord, le groupe nucléaire français Areva a fait savoir qu'il souhaitait, dans un premier temps, négocier avec New Delhi la livraison de deux réacteurs de nouvelle génération EPR et du combustible nécessaire.

Le groupe français trouvera toutefois sur sa route l'américain Westinghouse Electric Company, l'alliance américano-japonaise General Electric-Hitachi et l'agence d'énergie atomique russe Rosatom, présélectionnés en août par l'agence atomique indienne.

pa/em/ao/ih