La police italienne a porté un sérieux coup mardi au clan des Casalesi, le plus puissant de la mafia napolitaine, avec une trentaine d'arrestations dont celles de trois suspects de la tuerie de Castel Volturno, la plus sanglante de ces dernières années.

Lors d'une première opération, les carabiniers ont arrêté trois membres en fuite du clan mafieux, soupçonnés d'avoir participé à l'exécution par balles de sept personnes dont six Africains le 18 septembre dernier à Castel Volturno, dans la région de Caserte (sud), le fief des Casalesi.

Les trois hommes arrêtés qui se cachaient dans la région de Naples - Oreste Spagnuolo, Giovanni Letizia et Alessandro Cirillo dit «le sergent» - étaient aussi recherchés pour d'autres homicides, ont indiqué les carabiniers de Caserte.

Un premier suspect de la tuerie avait été arrêté le 22 septembre. Le commando comprenait entre six et huit tueurs, selon les enquêteurs.

Ils ont abattu le même soir le propriétaire d'une salle de jeux puis six immigrés africains qui se trouvaient dans la boutique d'un tailleur, un massacre dont les motifs demeurent obscurs.

Selon l'une des hypothèses, des membres du clan des Casalesi auraient voulu par cette démonstration de force réaffirmer leur suprématie sur leur territoire en particulier sur le trafic de drogue auquel des immigrés Africains, nombreux dans cette région, sont aussi mêlés.

Il n'a cependant pas été établi que les victimes se livraient à un tel trafic.

Dans une seconde opération, la police a exécuté mardi 107 mandats d'arrêt délivrés par le parquet de Naples (sud) contre des membres du clan.

Les suspects sont notamment accusés d'association mafieuse, extorsion et homicide, a indiqué à l'AFP un responsable policier, Rodolfo Ruperti.

Environ 70 d'entre eux, en attente de jugement ou déjà condamnés pour d'autres délits, étaient déjà incarcérés.

Vingt-six autres ont été effectivement arrêtés, selon la même source.

Parmi elles, figurent Giuseppina Nappa (48 ans), l'épouse du chef du clan, Francesco «Sandokan» Schiavone (55 ans), incarcéré depuis 1998 et condamné à perpétuité, selon la même source.

Elle est accusée de recel pour avoir perçu de l'argent que le clan distribue aux proches des mafieux emprisonnés.

«Par le nombre de mandats d'arrêt délivrés, il s'agit de la plus importante opération contre les Casalesi depuis l'opération "Spartacus" en 1998», a affirmé Rodolfo Ruperti.

Ce coup de filet contre les Casalesi a abouti en 2005 à un premier procès puis à un second en appel en juin dernier qui a donné lieu à la confirmation de 16 condamnations à la perpétuité contre des hommes du clan.

Les Casalesi ont progressivement étendu leur emprise, y compris au-delà de l'Italie, au prix d'une «guerre» qui a fait des dizaines de morts en 30 ans.

La tuerie du 18 septembre est cependant l'une des plus sanglantes de ces dernières années et le gouvernement de Silvio Berlusconi a envoyé quelque 400 renforts policiers dans la région, tandis que les 500 militaires, également annoncés par les autorités, commenceront à être déployés en fin de semaine.

Outre les arrestations, la police financière a procédé à des saisies de biens (une cinquantaine de sociétés, plus d'une centaine de véhicules) pour environ 100 millions d'euros.

Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni a salué «une opération exceptionnelle», «une journée qui figurera dans les annales», au cours d'une conférence de presse.

«Cette pression va continuer jusqu'à ce que la guerre contre la camorra soit gagnée», a-t-il averti.