Les Six grandes puissances ont affiché vendredi à New York leur unité face à l'Iran en proposant au Conseil de sécurité un projet de résolution commun à l'issue d'une réunion surprise.

Les ministres des Affaires étrangères des Six --Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie-- entendaient rassurer le reste du monde sur la poursuite de l'option diplomatique --et non militaire-- face à l'Iran, après l'annulation, à la demande de Moscou, d'une réunion similaire prévue jeudi.Les ministres devaient alors, selon Washington, «explorer» de nouvelles sanctions contre Téhéran qui refuse de suspendre son programme nucléaire, mais Moscou avait refusé d'y participer.

Le projet rédigé vendredi ne comprendra pas de nouvelles sanctions.

Les ministres «présenteront aujourd'hui (vendredi) une courte résolution réaffirmant les résolutions existantes, l'unité des 3+3 et notre détermination à poursuivre notre double stratégie» (sanctions et mesures incitatives), a déclaré à la presse le chef de la diplomatie britannique David Miliband.

Ils veulent également montrer leur «détermination à faire progresser cette stratégie à travers des nouvelles discussions et des nouvelles mesures», a ajouté M. Miliband, quelques heures après une réunion surprise de ce groupe, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a souligné avoir participé à cette rencontre pour montrer l'importance que la Russie accorde à ce dossier.

«La Russie soutient les précédents appels à l'Iran, nous considérons que la non-prolifération est une question de première importance et nous confirmons toutes les précédentes décisions», a dit M. Lavrov à la presse à la sortie de la réunion.

«Notre intention est de confirmer toutes les décisions précédentes» dans un nouveau projet de résolution, a-t-il ajouté.

Un haut responsable allemand s'est félicité de cet accord qu'il a qualifié de «manifestation importante d'unité sur l'Iran».

Les Six tentent de juguler les ambitions nucléaires de l'Iran de crainte qu'elles ne soient de nature militaire.

La Russie, montrée du doigt par les Occidentaux sur la Géorgie, leur avait infligé un camouflet mardi à New York en les contraignant à annuler la réunion ministérielle prévue deux jours plus tard sur le programme nucléaire iranien.

Des diplomates européens s'étaient aussitôt inquiétés du risque qu'un blocage des négociations jusqu'à la fin du mandat du président américain George W. Bush, fin janvier, n'incite Israël à intervenir militairement en Iran.

Un haut responsable du département d'Etat avait expliqué que le report de la réunion sur l'Iran était dû à des divergences de fond entre les Occidentaux d'une part, la Russie et la Chine de l'autre.

La Chine «serait prête à discuter» mais la Russie a remis en question la réunion car Moscou «n'a pas le même sens de l'urgence de la situation» que les Occidentaux, avait-il ajouté.

Dans un nouveau rapport publié la semaine dernière, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique a dénoncé le refus de Téhéran de cesser ses activités d'enrichissement de l'uranium, malgré trois premières séries de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Or la précédente résolution, adoptée en mars, donnait 60 jours à l'Iran pour se plier aux injonctions de l'ONU, ce que Téhéran n'a pas fait.