Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, à couteaux tirés avec le président Viktor Iouchtchenko, a accusé jeudi ce dernier d'avoir trahi les idéaux de la révolution orange, soulèvement populaire de fin 2004 qui l'avait porté au pouvoir.

«La président a pratiquement abandonné tous les idéaux du Maïdan (place de l'Indépendance dans le centre de Kiev, haut lieu de la révolution) et mène la politique qui en témoigne», a lancé Mme Timochenko lors d'une conférence de presse. Elle a épinglé le président notamment pour avoir nommé à des postes importants ou décerné des décorations d'Etat à des personnages du camp pro-russe, son ennemi du temps de ce soulèvement.

Les accusations du Premier ministre intervient alors que son bloc et le parti présidentiel ont entamé des négociations officielles pour tenter de reconstruire leur coalition pro-occidentale ayant éclaté la semaine dernière et éviter des législatives anticipées.

M. Iouchtchenko et Mme Timochenko, alors opposants pro-occidentaux, étaient alliés au moment de la révolution orange qui les porta au pouvoir, le premier comme chef de l'Etat, la seconde comme Premier ministre.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens sont alors descendus dans les rues à Kiev pour protester contre la «victoire» à la présidentielle, plus tard annulée pour fraudes massives, du candidat du pouvoir soutenu par le Kremlin Viktor Ianoukovitch et soutenir M. Iouchtchenko.

Promettant de rapprocher son pays de l'Europe et de lutter contre la corruption, ce dernier a finalement remporté le «troisième tour» de l'élection. Mais, en septembre 2005, M. Iouchtchenko a limogé Mme Timochenko sur fond de rivalités personnelles et luttes d'influence.

Fin 2007, Mme Timochenko est redevenue chef du gouvernement, son parti et celui du président ayant remporté de justesse les législatives face à l'opposition pro-russe, mais des conflits incessants entre les deux dirigeants ont débouché sur l'éclatement de l'alliance au pouvoir.