La police finlandaise était mercredi très critiquée au lendemain de la fusillade dans un lycée, certains lui reprochant son laxisme et exprimant leur frustration face à un drame qui aurait pu, selon eux, être évité.

«Je suis vraiment choquée et très critique envers la police. Que devons nous faire pour que la police réagisse?», a déclaré à l'AFP, Sirpa Myllyviita, 43 ans. Lundi, la veille de la tuerie dans le lycée de Kauhajoki, sud-ouest de la Finlande, l'auteur de la fusillade, Matti Juhani Saari, un des élèves de l'établissement âgé de 22 ans, avait été entendu par la police la veille de la tragédie après avoir posté sur le site YouTube une vidéo où il se mettait en scène, se montrant en train de tirer au pistolet automatique.

Il n'avait toutefois pas été inquiété et son autorisation de port d'armes ne lui avait pas été retirée. La tuerie a fait 11 morts dont Saari qui s'est tiré une balle dans la tête.

Le premier ministre Matti Vanhanen a annoncé qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer les éventuelles responsabilités de la police. Elle sera dirigée par un procureur indépendant.

«Qui est le policier qui a interrogé le tueur? Que pense-t-il aujourd'hui? Est-ce qu'il se sent bien? S'il avait agi d'une autre manière, rien de tout cela ne serait arrivé et de nombreuses vies auraient été épargnées», affirme Mme Myllyviita, visiblement amère.

De son côté, la police s'est défendue mercredi lors d'une conférence de presse de tout laxisme.

«Le film que nous avons visionné lundi le montrait en train de tirer dans le vide, rien de plus», a insisté Urpo Lintala, chef de la police de Kauhajoki.

«Les officiers pensaient qu'il n'y avait pas de raison de lui retirer son arme. Ce n'est que plus tard hier (mardi) qu'il y a eu plus (une autre vidéo) avec des menaces», a-t-il ajouté.

Une opinion partagée par Annu, une habitante de 35 ans, qui sous couvert d'anonymat, estime que la critique est «toujours plus facile après coup».

«Ce n'est pas si simple. Le jeune n'avait jusqu'alors jamais agi de manière illégale. C'est très triste mais la police ne peut pas arrêter tous les gens qui postent des trucs bizarres sur YouTube», souligne la mère de famille.

Le responsable de la police a précisé que les autorités finlandaises collaboraient avec YouTube pour s'assurer qu'à l'avenir une autre vidéo du genre pourrait être bloquée.

Interrogé par la presse sur la possibilité qu'il y ait eu une erreur de jugement, M. Lintala a rétorqué: «je ne sais pas quoi répondre. C'est une décision de l'officier, c'est sa propre décision et ce n'est pas de mon ressort de tirer une conclusion».

Il a également précisé que les conclusions de l'enquête ne seraient pas connues avant «plusieurs mois».

En dépit de ces arguments, les jeunes de la petite ville du pays nordiques exprimaient leur «frustration» mercredi, à l'instar de Mira Hautaluoma, 17 ans, pour qui la vidéo ne laissait pas de place au doute.

Plus tôt, le premier ministre avait indiqué qu'il «semble que la police a réagi immédiatement et a

rencontré ce jeune homme mais nous ne savons pas quelles informations ils avaient et la raison pour laquelle sa licence (de port d'armes: ndlr) n'a pas été retirée».