La Finlande va renforcer sa législation sur les armes à feu après une nouvelle fusillade meurtrière dans une école et la police était mise en cause mercredi pour son rôle, non pas pendant mais avant le drame.

Matti Juhani Saari, étudiant en restauration au lycée professionnel de Kauhajoki (sud-ouest de la Finlande), a tué mardi matin avec un pistolet semi-automatique neuf élèves, tous de la même classe, et un professeur de son école. Il avait mis le feu au bâtiment et de se suicider. Le premier ministre Matti Vanhanen, qui a fait mettre les drapeaux en berne dans tout le pays et décrété ce mercredi journée de deuil national, s'est rendu sur place dans la matinée pour rencontrer des responsables locaux et les proches de lycéens victimes de la tuerie.

Sur les lieux du drame, quelques centaines de bougies ont été allumées. Une rose rouge et un bouquet de fleurs ont été déposés devant l'école.

Les abords de l'école de cette petite ville de 14 000 habitants étaient redevenus quasiment déserts mercredi après-midi. Les habitants qui étaient venus se recueillir le matin avaient la mine grave, mais sans manifester ouvertement leur émotion.

Le premier ministre a annoncé un durcissement de la législation sur la détention des armes à feu, actuellement très permissive, y compris pour les mineurs.

«Nous allons prendre des décisions sur une nouvelle loi, dans les mois qui viennent», a-t-il indiqué, alors que la question du contrôle des armes avait déjà surgi lorsque, en novembre 2007, un jeune homme de 18 ans avait tué huit personnes dans son lycée de Tuusula, au nord d'Helsinki, avant de mettre fin à ses jours.

La Finlande, qui s'y refusait jusqu'alors, avait décidé d'appliquer la directive européenne portant à 18 ans, et non plus 15 comme c'est le cas actuellement dans le pays nordique, l'âge légal pour détenir une arme à feu. Mais le processus d'adoption de la directive est toujours en cours.

Le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les circonstances dans lesquelles Saari avait été entendu par la police lundi, la veille du drame, après la diffusion de vidéos sur YouTube le montrant en train de s'entraîner au tir.

Le jeune homme n'avait pas été inquiété et son autorisation de port d'armes ne lui avait pas été retirée.

«Je suis vraiment choquée et très critique envers la police. Que devons-nous faire pour que la police réagisse?», a déclaré à l'AFP une habitante de Kauhajoki, Sirpa Myllyviita.

L'inspecteur qui avait interrogé le tueur a été mis, à sa demande, en congé maladie.

Pour l'instant, une seule députée de l'opposition a appelé à la démission du ministre de l'Intérieur Anne Holmlund si l'enquête montre que la police a bâclé son travail.

Unanime, la presse finlandaise pointait du doigt mercredi le laxisme de la législation sur les armes à feu, l'influence des univers violents sur l'internet, l'individualisme, ou encore les carences du système scolaire, pourtant désigné par les enquêtes PISA de l'OCDE comme le plus performant des pays occidentaux.

Le principal quotidien du pays, Helsingin Sanomat, se demandait si «les écoles finlandaises, citées en exemple dans le monde entier jusqu'à l'automne dernier, cherchent l'excellence aux dépens de la communauté?»

«Avons-nous oublié la compassion, dans l'éducation que nous offrons à nos enfants?», s'interrogeait le journal.

Vingt-quatre heures après le drame, les habitants de Kauhajoki, à 360 km à l'ouest de la capitale Helsinki, hésitaient entre colère et désarroi.

«Tout va bien en Finlande, le pays a tout, alors pourquoi?», lançait Jari Huhtanen, 45 ans, père de deux garçons, regrettant que «les Finlandais ne rient pas beaucoup et ne s'amusent pas beaucoup ensemble».