François Fillon a annoncé lundi l'envoi d'une «centaine d'hommes» et de moyens supplémentaires en Afghanistan pour renforcer la protection des soldats français sur place après l'embuscade meurtrière du 18 août.

«Nous avons décidé de renforcer nos moyens militaires dans les domaines de l'aéromobilité, du renseignement et de l'apppui. Ces moyens seront sur place dans quelques semaines», a déclaré le Premier ministre en ouvrant le débat à l'Assemblée sur la prolongation du mandat des troupes françaises en Afghanistan. Concrètement, «des hélicoptères Caracal et Gazelle, des drones, des moyens d'écoute, des mortiers supplémentaires seront envoyés, avec les effectifs correspondants, soit une centaine d'hommes», a précisé M. Fillon, sans donner plus de détails.

Dans son discours, le Premier ministre a justifié le maintien des quelque 2.700 soldats français déployés sur place. «Ne pas agir, ce serait laisser le champ libre aux talibans et à Al-Qaïda. Ce serait laisser le peuple afghan aux mains de ses bourreaux. Ce serait nous exposer à la résurgence du terrorisme international. Ce serait rompre tous nos engagements internationaux. Ce serait laisser à nos partenaires le soin de combattre pour nous. Ce serait renoncer aux valeurs universelles pour lesquelles une majorité d'Afghans se bat et espère. Ce serait mettre un coup d'arrêt au développement d'une société qui n'est pas condamnée au malheur éternel», a-t-il martelé.

Il a défendu la stratégie suivie par la France d'une «afghanisation» progressive du conflit et d'aide à la reconstruction du pays. «Plus vite les afghans seront en mesure de stabiliser leur pays et de prendre leur destin en mains, plus vite nous nous retirerons», a-t-il dit sans donner aucun calendrier pour le retrait.

Alors que le PS s'apprêtait à voter contre, le Premier ministre s'en est pris aux «donneurs de leçons» qui doutent du «bien-fondé» de cette opération. «Ceux qui suggèrent que nous nous retirions d'Afghanistan sont souvent les mêmes, qui, il y a dix ans, s'indignaient de la passivité de la communauté internationale face à la barbarie des talibans, face à la destruction folle des statues de Bamiyan, face au sort effrayant réservé aux femmes», a-t-il lancé.

Il a estimé que la cause afghane était «une priorité, une exigence morale et une opportunité». «La France ne peut tourner égoïstement le dos à un conflit dont les enjeux nous concernent tous. Nul ne doit s'y tromper, nous ne sommes pas à l'abri du terrorisme qui a frappé à New York, à Djerba, Bali, Casablanca, Madrid, Londres, Amman, Alger, Islamabad», a-t-il martelé.

François Fillon a répondu négativement à la demande du PS d'une réorientation de la stratégie alliée en Afghanistan, niant tout «enlisement». Selon lui, «les talibans ont été chassés du pouvoir et l'obscurantisme avec eux, l'Afghanistan n'est plus une plate-forme du terrorisme, la démocratie a été instaurée, les enfants vont à l'école, les femmes ne sont plus humiliées, les hôpitaux ont ouvert».

L'hôte de Matignon a écarté les demandes socialistes sur la mise en place d'un directoire de la coalition et d'un calendrier pour le retrait des forces françaises. «Ce calendrier ferait le jeu de nos adversaires», a-t-il tranché. Le retrait «est dicté par la réussite de deux objectifs majeurs: permettre aux afghans d'assurer leur propre sécurité et garantir la stabilité des institutions afghanes», a-t-il expliqué.

Promettant de «tenir le Parlement pleinement informé de l'évolution de la situation», M. Fillon a appelé les députés à prendre leur «responsabilité» en votant pour la prolongation du mandat des troupes françaises. «Un vote positif serait un encouragement à poursuivre nos efforts», a conclu le Premier ministre. Il a été applaudi debout par les députés de la majorité, tandis que la gauche restait silencieuse et assise.