(Columbus) Donald Trump a fustigé samedi le système judiciaire américain, selon lui « corrompu », lors de ses premières prises de parole publiques depuis son inculpation la veille par la justice fédérale, inédite pour un ex-président américain et dont les conséquences sur la primaire républicaine pour 2024 sont incertaines.

L’ancien magnat de l’immobilier est visé par 37 chefs d’accusation pour avoir, lorsqu’il a quitté la Maison-Blanche, emporté des milliers de documents, dont certains hautement confidentiels, alors qu’il aurait dû les confier aux Archives nationales, et pour avoir ensuite refusé d’en restituer la majeure partie en dépit des relances du FBI.

Cette inculpation, la deuxième en deux mois après une première par la justice de l’État de New York en avril pour fraudes comptables, pave le chemin pour une présidentielle 2024 à nulle autre pareille, où le département de la Justice du président démocrate sortant poursuit le favori de la primaire républicaine.

M. Trump, qui répète qu’il est victime d’une cabale politique, a participé samedi à deux conventions républicaines dans le sud-est des États-Unis, d’abord en Géorgie, puis en Caroline du Nord, s’emportant contre ce qu’il a qualifié d’attaque judiciaire injuste à son encontre.

« Vous avez affaire à des fous furieux », a déclaré l’ancien président à Greensboro, en Caroline du Nord.

« L’inculpation sans fondement dont je fais l’objet par le département instrumentalisé “de l’Injustice” du gouvernement Biden figurera parmi les abus de pouvoir les plus terribles de l’histoire de notre pays », a-t-il lancé.

Plus tôt, à Colombus en Géorgie, M. Trump avait déclaré à la foule être la cible de poursuites en raison de sa candidature à un deuxième mandat à la Maison-Blanche.

« C’est pour cela qu’ils le font, si je ne l’étais pas [candidat à un nouveau mandat présidentiel], il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, il n’y aurait pas d’inculpation », a-t-il soutenu face à ses soutiens.

Les deux rassemblements ont eu lieu trois jours seulement avant sa comparution devant un tribunal fédéral à Miami. Il est accusé d’avoir mis en danger la sécurité nationale des États-Unis en conservant des documents confidentiels, y compris des secrets militaires et nucléaires, après son départ de la Maison-Blanche.

« Dérangé »

L’acte d’inculpation, rendu public vendredi, comporte 37 chefs d’accusation, dont « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage ».

Donald Trump a déjà réagi à l’annonce de son inculpation dans une série de publications sur son réseau Truth Social ainsi que dans une déclaration vidéo diffusée sur Twitter, qualifiant de « dérangé » le procureur spécial responsable de l’enquête, Jack Smith, et dénonçant une ingérence électorale prétendument orchestrée par son rival Joe Biden.

Ce dernier a indiqué n’avoir « pas parlé » à son procureur général à ce sujet.

« Ils m’attaquent, car nous sommes à nouveau devant Biden dans les sondages, de beaucoup », a assuré Donald Trump, en dépit du fait que les enquêtes d’opinion ne démontrent pas d’avantage clair à ce stade.

Le camp républicain a jusqu’ici globalement resserré les rangs autour de M. Trump.

Le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, dont la relation avec le tumultueux milliardaire n’a pas toujours été au beau fixe, a estimé que l’inculpation marquait un « jour sombre » pour les États-Unis.

Et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, son principal adversaire pour l’investiture républicaine, s’est joint aux dénonciations d’un département de la Justice qui serait « instrumentalisé ».