(Washington) Le célèbre télévangéliste conservateur Pat Robertson, aux prises de position souvent extrêmes, est mort jeudi à 93 ans, après avoir contribué à l’essor de la droite religieuse sur la scène politique américaine.

Son décès a été annoncé par la chaîne de télévision The Christian Broadcasting Network (CBN), qu’il a fondée en 1960 et sur laquelle il a animé pendant des années une émission quotidienne ultraconservatrice The 700 club très suivie dans le monde entier.  

Pat Robertson « présentateur de télévision, éducateur, versé dans l’humanitaire et ex-candidat à l’élection présidentielle, est mort dans sa résidence de Virginia Beach tôt jeudi matin », a-t-elle écrit dans un communiqué sans préciser les causes de sa mort.

Fils d’un élu du Congrès, Pat Robertson fut l’un des premiers évangélistes à sortir la religion de la sphère privée pour la mettre au cœur d’un discours politique ultraconservateur, souvent radical.

« Pat Robertson était un télévangéliste qui connaissait bien la politique », a commenté sur Twitter Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l’université de Virginie.  

Il ne s’est personnellement aventuré qu’à une seule reprise dans l’arène électorale, lors de l’élection présidentielle de 1988, mais a échoué à décrocher l’investiture républicaine

Mais il a fondé la Coalition chrétienne, une organisation connue pour sa farouche opposition à l’avortement et son combat en faveur de la prière à l’école, devenue dans les années 90 un groupe de pression politique incontournable.  

La Coalition chrétienne comptait près de 4 millions en 1994, selon le New York Times, mais avait perdu la moitié de ses membres dans les années 2000 et beaucoup de son influence.  

« Réalité alternative »

Né en 1930 à Lexington en Virginie dans un milieu influent (son père a passé 34 ans en poste au Congrès), Pat Robertson a été engagé dans les Marines avant d’obtenir un diplôme de la prestigieuse université Yale.

Sous un ton courtois, policé, il suscitait toutefois la polémique avec des propos extrémistes.  

Il avait notamment affirmé en 2002, un an après les attentats du 11-Septembre, que les musulmans étaient pires que les nazis et avait appelé en 2005 à l’assassinat du président vénézuélien Hugo Chavez que le télévangéliste accusait d’avoir financé Oussama ben Laden.  

En 2003, il avait suscité la réprobation du Département d’État en suggérant : « Peut-être nous devrions lancer une petite bombe nucléaire… pour faire bouger les choses » sur le plan diplomatique.

En 2016, Pat Robertson avait mis son influence au service de Donald Trump, aidant ce milliardaire divorcé à conquérir les électeurs évangéliques. Il s’en était distancé quand le républicain avait nié sa défaite à la présidentielle de 2020 face au démocrate Joe Biden.  

« Le président vit toujours dans une réalité alternative », avait-il alors déclaré.

Outre la chaîne CBN, il avait fondé un empire médiatique présent dans l’édition de livres et de vidéos notamment, qui a rapporté, selon le Washington Post, jusqu’à 300 millions de dollars par an.

Il avait également fondé une université chrétienne, la CBN University rebaptisée Regent University, dans l’État de Virginie, qui a fourni de nombreux collaborateurs aux gouvernements républicains.  

La candidate à la primaire républicaine pour 2024, Nikki Haley, a rendu hommage jeudi à un homme qui « se battait pour l’Amérique, et encore plus important, pour la vérité et la foi ».