(Washington) Une médecin américaine a été condamnée à une amende pour avoir révélé l’année dernière à la presse qu’elle avait aidé une fillette de 10 ans à avorter après un viol, ont annoncé jeudi soir les autorités de l’Indiana.

Le Conseil des médecins de cet État du nord des États-Unis a en effet estimé que la docteure Caitlin Bernard avait trahi le secret médical en évoquant dans les médias le cas de cette enfant sans le consentement de celle-ci ou de ses tuteurs.  

Caitlin Bernard avait expliqué à la presse à l’été 2022 avoir reçu la petite fille à Indianapolis, la capitale de l’Indiana, après avoir été contactée par un confrère de l’Ohio voisin, où une loi interdisant d’avorter après six semaines de grossesse était entrée automatiquement en vigueur. Et ce à la suite de l’annulation de la protection constitutionnelle du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-Unis en juin dernier.  

Or la fillette, violée en mai, avait dépassé ce terme. Elle s’était donc rendue dans l’Indiana, où les avortements étaient légaux jusqu’à 21 semaines de grossesse.

Mais les responsables de cet État, où les républicains sont majoritaires, sont hostiles au droit à l’avortement. Une loi interdisant quasi totalement les interruptions volontaires de grossesse a ainsi été votée en août dernier mais reste bloquée par la justice pour le moment.  

« Il s’agit dans ce dossier du secret médical et de la confiance brisée entre une médecin et sa patiente », a réagi dans un communiqué le procureur général de l’Indiana Todd Rokita qui avait ouvert une enquête sur la médecin, l’accusant de ne pas avoir signalé aux autorités le dossier de la fillette, comme la loi locale l’y oblige en matière de pédophilie.

L’histoire avait été très reprise dans les médias, cristallisant les débats houleux sur l’avortement aux États-Unis.  

Après plus de 10 heures d’audition, le Conseil des médecins de l’Indiana a décidé d’infliger à la docteure Caitlin Bernard une amende 3000 dollars mais lui a permis de continuer à pratiquer la médecine, estimant qu’elle avait respecté les procédures légales liées aux violences sur mineur.  

« Il est important que les gens sachent ce que les patients auront à subir à cause de la loi qui est entrée en vigueur », s’est défendue la médecin devant ses pairs.