(Washington) Au moins quatre personnes sont mortes et une vingtaine d’autres, majoritairement des adolescents, ont été blessées lorsqu’un tireur a ouvert le feu samedi durant une fête d’anniversaire dans une ville du sud des États-Unis, quelques jours après un drame similaire dans une banque du Kentucky.

Les tirs se sont produits vers 22 h 30 (23 h 30 heure de l’Est dimanche) à Dadeville, petite localité de l’Alabama, ont précisé les autorités locales, sans indiquer si un suspect était en garde à vue.

Ils visaient le Mahogany Masterpiece, une salle de danse du centre-ville où une adolescente fêtait son seizième anniversaire. Un impact de balle était encore visible dimanche sur la porte vitrée du bâtiment, encerclé par les fameux bandeaux de police jaunes.

« Cet acte a coûté la vie à quatre personnes, de façon tragique, et fait de nombreux blessés », a indiqué dimanche un responsable des autorités de l’État, Jeremy Burkett, lors d’une conférence de presse.

Il a précisé par la suite que 28 personnes avaient été blessées, dont plusieurs grièvement, et a exhorté les habitants à faire part de toute information dont ils auraient connaissance au sujet de l’attaque.

M. Burkett n’a toutefois pas fourni d’autres détails sur les circonstances du drame ou le mobile du tireur.

Les forces de l’ordre pensent qu’une altercation a mené à cette tragédie, d’après la chaîne locale WRBL. Une enquête est ouverte.

PHOTO CHENEY ORR, REUTERS

Des agents des forces de l’ordre traversent la scène de crime.

L’hôpital de Lake Martin a reçu 15 blessés, dont « une majorité d’adolescents », a déclaré une de ses responsables, Heidi Smith. D’autres blessés ont été soignés ailleurs, a-t-elle précisé.

Le frère de la jeune fille qui célébrait son anniversaire fait partie des personnes tuées, a déclaré leur grand-mère au journal Montgomery Advertiser.

Il s’agissait d’un adolescent sans histoire, « qui avait toujours le sourire », a-t-elle confié.

La peur des parents

Le président américain Joe Biden a regretté, dans un communiqué, que l’Amérique soit « une nouvelle fois endeuillée » par des tirs.

« Que notre pays est-il devenu, quand des enfants ne peuvent pas se rendre sans crainte à une fête d’anniversaire ? Quand les parents doivent s’inquiéter chaque fois que leurs enfants franchissent la porte de l’école, du cinéma, ou vont au parc ? »

Le démocrate s’émeut, après chaque fusillade, de la récurrence de ces massacres. Il a pris depuis son investiture une série de décrets pour mieux encadrer les armes à feu, mais ses pouvoirs sont limités, car le Congrès est compétent en la matière.

Or les républicains sont très réticents à tout changement d’ampleur, et nombre d’élus sont sous l’influence de la puissante National Rifle Association (NRA), le premier lobby américain des armes.

Les responsables politiques locaux de cet État acquis aux conservateurs ont d’ailleurs fait part de leur « douleur », mais se sont bien gardés d’appeler à un changement législatif.

« Les crimes violents n’ont pas leur place dans notre État », a ainsi réagi sur Twitter la gouverneure républicaine de l’Alabama, Kay Ivey, tandis que la sénatrice Katie Britt a dit avoir « le cœur brisé ».

Cycle infernal

Les États-Unis paient un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu sur leur territoire et à la facilité avec laquelle les Américains y ont accès.

Samedi soir, d’autres tirs ont fait au moins deux morts et quatre blessés dans un parc de Louisville, dans le Kentucky (centre est), selon la police locale.

C’est dans cette même ville qu’un jeune homme avait ouvert le feu le 10 avril dans la banque qui l’employait, tuant cinq personnes.  

Et fin mars, une personne avait tué trois enfants de 9 ans et trois employés dans une école de Nashville, dans le Tennessee voisin.

Illustration du cycle infernal des fusillades dans lequel l’Amérique est piégée, les tirs de ce week-end dans l’Alabama et dans le Kentucky se produisent exactement 16 ans après un massacre dans l’université Virginia Tech.

Le 16 avril 2007, un étudiant avait abattu 32 personnes sur ce campus à Blacksburg, avant de se suicider.

Les États-Unis comptent davantage d’armes individuelles que d’habitants. La conséquence de cette prolifération est le taux très élevé de décès par arme à feu, sans comparaison avec celui des autres pays développés.

Il faut désormais que le nombre de victimes soit particulièrement important ou les circonstances particulièrement marquantes pour que des tirs suscitent un intérêt médiatique national.