(Nashville) La police a révélé mardi que l’auteur d’une tuerie dans une école chrétienne de Nashville possédait sept armes à feu et était suivi pour des problèmes psychiatriques, un cocktail au cœur de nombreux drames aux États-Unis.

Les deux fusils d’assaut et le pistolet qui ont été utilisés lundi pour semer la mort au sein de la Covenant School, une petite école privée située au sud de la capitale du Tennessee, avaient été achetés légalement, comme le reste de son arsenal, a précisé le chef de la police, John Drake.

Audrey Hale, qui avait été scolarisé enfant dans cet établissement, a été abattu par des policiers après avoir tué trois élèves âgés de 9 ans et trois employés de l’école, dont la directrice.

Après l’avoir décrit comme une jeune femme, les forces de l’ordre ont précisé qu’il s’agissait d’une personne transgenre de 28 ans, qui utilisait des pronoms masculins pour se décrire sur l’internet.

Le tireur était « suivi par un médecin pour des troubles émotionnels » mais était totalement inconnu des services de police, qui n’ont toujours pas de mobile, a précisé John Drake.

PHOTO ANDREW NELLES, THE TENNESSEAN, FOURNIE PAR L’ASSOCIATED PRESS

La veille, il avait évoqué une attaque « ciblée » contre la Covenant School, dont des plans détaillés ont été retrouvés au domicile de l’attaquant, et une possible « rancune » contre cet établissement qui défend des valeurs religieuses traditionnelles.

PHOTO JONATHAN MATTISE, ASSOCIATED PRESS

Les enfants ont été amenés dans une église située à proximité de l’école.

« Plus de mal »

Les éclaircissements pourraient venir d’écrits laissés par Audrey Hale. Lors d’une perquisition à son domicile, les forces de l’ordre ont en effet retrouvé un document qu’elles ont qualifié de « manifeste ».

Juste avant le passage à l’acte, le jeune tireur avait par ailleurs envoyé un message à une connaissance pour l’informer que « quelque chose de mal » allait arriver. « Un jour, cela sera plus clair », avait écrit Audrey Hale, selon la chaîne locale WTVF. « J’ai laissé suffisamment de preuves derrière moi. »

Audrey Hale a forcé l’entrée de son ancienne école en tirant à travers une porte en verre. Des images de vidéosurveillance montrent une silhouette lourdement armée progresser dans le bâtiment.

La police a publié mardi la vidéo de l’intervention qui a mis fin au carnage. Filmées par les caméras-piétons de deux agents, les images montrent les forces de l’ordre avancer dans les couloirs décorés de dessins d’enfants et tirer à plusieurs reprises sur Audrey Hale, qui s’écroule.

Son décès a été prononcé à 10 h 27. D’après la police, il avait un stock important de munitions et était « préparé à faire plus de mal ».

« Effrayés »

À Nashville, la population était sous le choc. « C’est inimaginable de penser que ces magnifiques enfants ne rentreront plus jamais à la maison ou célébreront leurs anniversaires », souffle mardi soir Lisbeth Melgar, replaçant délicatement une mèche de cheveux de sa fille Alessandra, 11 ans, derrière son oreille.

« Nous avons le cœur brisé », a pour sa part confié dans un communiqué la famille d’une jeune victime, Evelyn Dieckhaus, « un rayon de soleil ».  

La classe politique a partagé cette émotion mais s’est à nouveau divisée sur la régulation des armes à feu : le président démocrate Joe Biden a renouvelé son appel à interdire les fusils d’assaut, une option que rejettent vigoureusement les élus républicains.

En l’absence d’un meilleur encadrement, c’est aux écoles de revoir leurs protocoles de sécurité.

Mardi, celle d’Alessandra avait justement drastiquement changé les siens, et il fallait patienter pour accéder à l’établissement.

Mais « ce n’est pas aux écoles de se débrouiller en matière de sécurité », regrettait mardi Nina Dyson, mère de quatre enfants, lors d’une petite manifestation à Nashville en faveur d’un contrôle plus poussé du port d’arme.

« Des parents dans tout le pays exigent des changements depuis des décennies et il n’y en a eu aucun », a-t-elle dit lors de ce rassemblement prévu avant la tuerie.

Environ 400 millions d’armes à feu sont en circulation aux États-Unis, où elles ont causé en 2020 plus de 45 000 décès par suicide, accident ou homicide, selon les plus récents chiffres des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

Pour la première fois cette année-là, les armes sont devenues la première cause de mortalité chez les jeunes de moins de 19 ans, avec 4368 décès, devant les accidents de voiture et les surdoses, d’après les CDC.

Malgré tout, une majorité d’Américains restent très attachés au port d’arme, au nom du droit à l’autodéfense, et plusieurs voix se sont élevées pour regretter qu’il n’y ait pas eu d’employé armé dans l’école.