(Washington) Un projet de loi en Floride, où les républicains ont récemment présenté une série de textes très controversés, pourrait interdire l’éducation sur les cycles menstruels à l’école pour les petites filles, les empêchant d’en parler avec leurs enseignants, a reconnu un élu de cet État cette semaine.

Lors d’une session d’un comité sur l’éducation au parlement de Floride, une élue démocrate, Ashley Gantt, a interrogé son collègue républicain sur la possibilité que l’éducation sexuelle ne puisse avoir lieu qu’à partir d’une certaine classe, dans laquelle les enfants sont en général âgés de 11 à 12 ans.

« Est-ce que ce projet de loi interdit les conversations sur les cycles menstruels ? », lui a demandé Ashley Gantt. Si des petites filles sont plus jeunes que l’âge fixé, « est-ce que cela interdirait des discussions de leur part ? »

« Oui, cela serait le cas », a répondu Stan McClain.

La plupart des jeunes filles ont leurs premières règles entre 12 et 13 ans, mais certaines peuvent les avoir plusieurs années plus tôt, selon l’association américaine des gynécologues et obstétriciens.

« Imaginez une petite fille […] allant aux toilettes et trouvant du sang dans sa culotte, et pensant qu’elle va mourir », s’est offusquée Ashley Gantt. « Et son enseignant n’a même pas la possibilité de lui dire que cela fait partie de la vie. »

Les premières règles peuvent arriver « à n’importe quel moment entre 9 et 16 ans », a souligné dans une déclaration Annie Filkowski, responsable en Floride pour l’organisation de planification familiale Planned Parenthood. « Il est ridicule d’empêcher (les enfants) d’en discuter avec leur enseignant », a-t-elle ajouté, en qualifiant le projet de loi d’« absurde ».

Stan McClain a clarifié un peu plus tard que l’esprit de ce projet de loi n’était pas de punir les jeunes filles posant des questions à leurs enseignants, et qu’il était ouvert à des amendements, selon plusieurs médias américains.

Ce texte de M. McClain fait partie d’un ensemble de projets de loi qui pourraient durablement transformer le système éducatif en Floride.

Le gouverneur de cet État du sud des États-Unis, Ron DeSantis, flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024 et s’est engagé à faire de son État un laboratoire des idées conservatrices.

Au début du mois, il a présenté une série de mesures, qui visaient par exemple également l’accès des mineurs transgenres aux traitements bloquant la puberté, entre autres, ou encore l’accès à l’avortement.

Les établissements scolaires doivent dispenser une « éducation de qualité » et non un « endoctrinement politique », avait-il déclaré.

Tous ces textes ont de très grandes chances d’être adoptés compte tenu de l’influence énorme dont le républicain de 44 ans jouit sur son parti, majoritaire dans les deux chambres du parlement de Floride.