(Madison) Dans l’élan de son « discours sur l’état de l’Union », Joe Biden est parti mercredi à la rencontre des « cols bleus » dont il se veut le champion.

Le président américain, âgé de 80 ans, a répété, sur la chaîne PBS, qu’il avait bien « l’intention de se représenter » en 2024, mais assuré qu’il n’avait pas pris de décision « définitive ».  

Son allocution pugnace devant le Congrès a pourtant été interprétée comme un lancement de campagne, et le démocrate a voulu continuer sur sa lancée dans le Wisconsin, un État agricole du nord qu’il n’a remporté que difficilement face à l’ancien président Donald Trump en 2020.

« Mon projet économique est pour cette Amérique populaire qui se lève tous les matins pour aller travailler et qui s’échine à gagner sa vie décemment », a dit le démocrate de 80 ans dans un centre de formation pour ouvriers du bâtiment, entouré de syndicalistes en casques et gilets de chantier.

Joe Biden veut au fond s’adresser au même public que son prédécesseur.

Mais là où Donald Trump parle de « déclin », lui a promis des jours meilleurs, un « programme de reconstruction de l’Amérique par et pour les cols bleus ».

Joe Biden s’est aussi fait un plaisir de revenir sur un moment marquant de son « discours sur l’état de l’Union ».

« Menteur ! »

Mardi soir, alors qu’il accusait les républicains de vouloir supprimer le minimum vieillesse (baptisé Social Security aux États-Unis) et la couverture santé des aînés (Medicare), il avait été interrompu par des invectives venues de parlementaires de la droite dure, en particulier un « Menteur ! » lancé par l’élue Marjorie Taylor Greene.

Retournant la situation sous les acclamations des démocrates, Joe Biden avait ironisé sur cette « conversion » soudaine de ses adversaires aux bienfaits de l’État-providence.

Dans le Wisconsin, il a enfoncé le clou.

« Beaucoup de républicains rêvent de supprimer la “Social Security” et “Medicare”. Laissez-moi vous dire que je transformerai leur rêve en cauchemar en mettant mon veto » à toute tentative législative en ce sens, a-t-il promis.

Mercredi, Joe Biden a continué à roder ce que pourrait être son discours de campagne : un ton résolument optimiste et une approche la plus concrète possible, avec force détails sur ses réformes passées et ses projets futurs, qu’il s’agisse d’immenses chantiers d’infrastructures ou des tracas quotidiens des consommateurs.

Prenant l’exemple des frais de découvert bancaire, qu’il promet de baisser, ce président né dans une famille de la classe moyenne a lancé : « Cela ne compte peut-être pas pour les riches, mais cela compte pour les gens avec qui j’ai grandi. »

« Meute woke »

Dans ce qui ressemble à se méprendre à une campagne avant la campagne, Joe Biden ira jeudi en Floride, un État du Sud désormais majoritairement républicain, prisé des retraités.

Il y détaillera ses programmes en faveur des aînés – montrant au passage qu’il est prêt à en découdre avec la droite dure, dont le gouverneur local Ron DeSantis est une étoile montante.

L’allocution énergique de Joe Biden devant le Congrès a remobilisé son camp et pris les républicains par surprise, mais difficile de prédire l’impact de ce grand spectacle politique qui ne passionne pas tous les Américains.  

Le « State of the Union » a attiré environ 27 millions de téléspectateurs, selon le cabinet Nielsen, beaucoup moins qu’il y a un an.

En 2022, Joe Biden en avait rassemblé plus de 38 millions, dans un contexte toutefois très particulier, quelques jours après l’invasion de l’Ukraine.

Le démocrate sait bien que, pour l’instant, les électeurs américains ne veulent pas le voir rester à la Maison-Blanche, pas plus qu’ils ne souhaitent un retour de Donald Trump.

Face aux questions insistantes sur son âge, le président américain estime que le mieux à faire est de le « regarder » à l’œuvre.  

« Cela va d’un extrême à l’autre. Hier soir, j’ai entendu des gens dire “Regardez Biden, ce n’est plus un problème” », a-t-il commenté sur PBS, sur un ton mi-amusé, mi-fataliste.