(Pékin) Pékin a déclaré vendredi « regretter » la violation « involontaire » de l’espace aérien américain par un « aéronef civil » sans pilote, après que le Pentagone a annoncé qu’un ballon « espion » chinois avait été détecté.

Ce qu’il faut savoir

  • Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a reporté sa visite prévue en Chine
  • L’Empire du Milieu affirme que le ballon est destiné à la recherche et qu’il s’est égaré accidentellement.
  • Il a survolé les îles Aléoutiennes et a ensuite survolé l’espace aérien canadien jusqu’aux États-Unis ;
  • Selon un responsable américain, le ballon « espion » serait aussi gros que trois autobus ;
  • Un responsable du Pentagone a déclaré qu’il n’y a « aucun doute sur le fait qu’il s’agit d’un ballon de la RPC (République populaire de Chine) » ;
  • L’objet a survolé plusieurs sites sensibles, dont des silos nucléaires situés au Montana ;
  • Il n’a pas été abattu, puisque la chute des débris aurait pu mettre en danger des habitants ;
  • Il ne s’agit pas du premier ballon « espion » chinois à survoler les États-Unis. Par contre, c’est la première fois qu’un engin semblable reste dans l’espace aérien américain pendant une si longue période ;
  • Ces appareils constituent un moyen bon marché d’obtenir des informations.

Le communiqué précise que le dirigeable a une capacité de pilotage limitée et qu’il a « dévié de sa trajectoire » en raison des vents.

La Chine regrette l’entrée involontaire du dirigeable dans l’espace aérien américain.

« Il s’agit d’un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques », « en provenance de Chine », a reconnu un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. « La partie chinoise regrette l’entrée involontaire de l’aéronef dans l’espace aérien américain, un cas de force majeure », a-t-il ajouté.

« Affecté par les Westerlies [Vents d’ouest, NDLR] et avec une capacité d’autodirection limitée, l’aéronef a dévié loin de sa trajectoire prévue », a poursuivi le porte-parole.

« La partie chinoise continuera à communiquer avec la partie américaine et gérera comme il convient cette situation inattendue relevant d’un cas de force majeure », toujours selon le communiqué.

Le Pentagone a annoncé jeudi la présence d’un ballon, soupçonné d’être un ballon « espion » chinois, dans l’espace aérien des États-Unis et le gouvernement canadien a dit le lendemain enquêter sur « un deuxième incident potentiel ».

PHOTO PATRICK SEMANSKY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’édifice du Pentagone, à Washington

Missiles nucléaires

« Le ballon vole actuellement à une altitude bien au-dessus du trafic aérien commercial. Il ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol », a fait savoir le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder.

Selon les médias américains, le ballon a survolé les îles Aléoutiennes dans le nord de l’océan Pacifique, puis a traversé l’espace aérien canadien, avant d’entrer aux États-Unis il y a environ deux jours.

Il a notamment volé au-dessus du Montana (Ouest), qui abrite des silos de missiles nucléaires, où des avions de chasse se sont approchés de lui, a indiqué un haut responsable du Pentagone sous couvert d’anonymat.

Il a été décidé de ne pas l’abattre, en raison des risques posés par d’éventuels débris pour les personnes au sol, a-t-il ajouté, tout en jugeant « limitée » sa capacité à collecter des informations.

« Abattez ce ballon »

Le gouvernement canadien a ajouté vendredi enquêter sur un « deuxième incident potentiel ».

« Le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d’un deuxième incident potentiel », a déclaré le ministère de la Défense du Canada dans un communiqué, sans plus de précisions.

L’ambassadeur de Chine a été convoqué jeudi par Ottawa afin d’expliquer la présence de l’engin.

Ce n’est pas la première fois que l’armée américaine constate une telle intrusion, mais cet aéronef est resté plus longtemps que d’autres dans l’espace aérien américain.

L’incident a suscité de vives réactions dans la classe politique américaine. « Cette violation de la souveraineté américaine, à quelques jours de la visite du secrétaire d’État Blinken en Chine [annulée plus tard, NDLR], montre que les signes récents d’ouverture » de la part des autorités chinoises « ne reflètent pas un changement réel de politique », ont notamment commenté les chefs républicain et démocrate d’une commission parlementaire sur la Chine, Mike Gallagher et Raja Krishnamoorthi.

« Abattez ce ballon ! », a exhorté l’ancien président républicain Donald Trump sur Truth Social, alors que l’opposition républicaine s’est saisie de l’incident pour dénoncer la main tendue selon elle par l’administration Biden envers Pékin.

Visite annulée

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé vendredi son homologue chinois Wang Yi pour lui faire part de sa décision de reporter son voyage en Chine après la détection d’un présumé ballon « espion » dans l’espace aérien des États-Unis, dénonçant un « acte irresponsable ».

« Le secrétaire d’État a pris note des regrets exprimés par la Chine mais indiqué que c’est un acte irresponsable et une violation claire de la souveraineté des États-Unis qui sape l’objectif du voyage », selon un communiqué du porte-parole du département d’État.

Dans cet appel, le secrétaire d’État américain a encore expliqué à Wang Yi qu’en raison de cet incident, « il ne serait pas opportun de se rendre à Pékin en ce moment », mais il a insisté sur le fait que les États-Unis souhaitaient « maintenir des lignes de communication ouvertes » avec Pékin et qu’il pourrait de nouveau s’y rendre une fois que les « conditions le permettront ».

Plus tôt vendredi, un responsable américain avait annoncé le report de la visite de M. Blinken en Chine initialement prévue dimanche et lundi, après la détection de ce ballon survolant le territoire des États-Unis.