(Colorado Springs) L’auteur de la fusillade dans une boîte LGBTQ+ de Colorado Springs, dans l’ouest des États-Unis, qui a fait cinq morts dans la nuit de samedi à dimanche, a été arrêté par deux « héros », selon les autorités, qui n’ont pas donné davantage de détails sur ses motivations.

Après être entré dans le Club Q et avoir commencé à tirer sur la foule à l’aide d’un fusil d’assaut, Anderson Lee Aldrich, 22 ans, a été maîtrisé par deux clients.

Les autorités ont confirmé lors d’une conférence de presse lundi soir l’identité de ces deux sauveurs, qualifiés de « héros » : Richard Fierro et Thomas James.

« Je n’ai jamais rencontré quelqu’un ayant fait preuve d’autant de héroïsme et qui reste si humble », a raconté le maire de Colorado Springs, John Suthers, à propos de M. Fierro.

Cet ancien militaire, âgé de 45 ans, a raconté au New York Times avoir attrapé le tireur par l’arrière alors qu’il se dirigeait vers la terrasse, où des clients s’étaient réfugiés. Une fois le tireur au sol, Richard Fierro lui a sauté dessus. « J’ai pris son pistolet dans sa main et commencé à le frapper à la tête, encore et encore. »

« Je ne sais pas exactement ce que j’ai fait, je suis juste passé en mode combat », a-t-il confié. « Je savais juste que je devais tuer ce type avant qu’il ne nous tue. »

Cinq personnes sont mortes dans la fusillade et pas moins de 17 ont été blessées par balles, a précisé la police, qui dénombre un autre blessé et des « victimes sans blessures visibles ».

Fleurs et bougies

Le tireur, arrêté à l’arrivée sur place de la police, est encore hospitalisé, ont précisé les autorités lundi soir. Il devrait comparaître devant un juge par vidéo dans les quelques jours suivant sa sortie de l’hôpital, selon le procureur du comté d’El Paso, où se trouve Colorado Springs.

Il est d’ores et déjà détenu sans possibilité de libération sous caution, a précisé le procureur Michael Allen, qui a aussi indiqué que l’enquête se poursuivait et allait « probablement durer quelque temps ».

Anderson Lee Aldrich n’a pas encore été inculpé, mais pourrait être poursuivi notamment pour meurtres et crimes motivés par la haine. Il encourt une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

Le « crime motivé par la haine » désigne aux États-Unis un acte dirigé contre une personne visée en raison d’éléments de son identité comme la race, la religion, la nationalité, l’orientation sexuelle ou un handicap. Considéré comme une infraction fédérale aux circonstances aggravantes, il entraîne des condamnations plus dures.

Lundi soir, des centaines de personnes se sont rassemblées dans un parc de Colorado Springs a constaté un journaliste de l’AFP, pour une veillée en hommage aux victimes illuminée par des bougies.

PHOTO DAVID ZALUBOWSKI, ASSOCIATED PRESS

Des fleurs, des bougies, des ballons et des messages ont été déposés sur les lieux du drame.

Des intervenants ont salué la résilience de la communauté LGBTQ+ de cette ville aux portes du massif des Rocheuses, et ont insisté qu’elle ne se laisserait pas intimider par la violence.

C’est peu avant minuit, juste après un spectacle de drag queens qui venait marquer la Journée du souvenir transgenre, dédiée aux victimes de violences transphobes et célébrée internationalement le 20 novembre, que l’horreur est entrée au Club Q.

« J’ai levé les yeux et vu l’ombre d’une personne de haute taille qui tenait un fusil », a raconté à l’AFP le barman, Michael Anderson. « Rafale après rafale. C’était absolument terrifiant. »

Après une poignée de minutes d’une violence inouïe, l’intervention de MM. Fierro et James met fin au carnage.

Incompréhension

Restent désormais les questions : un individu du même nom et environ du même âge avait menacé l’année dernière sa mère avec une bombe artisanale et plusieurs armes, a rapporté le bureau du shérif du comté d’El Paso.

S’agit-il du tireur ? Les forces de l’ordre auraient-elles pu éviter le massacre ? Lundi soir, elles ont invoqué le besoin de discrétion lié à l’enquête pour écarter les interrogations des journalistes.

Cette attaque survient six ans après la pire tuerie qu’ait connue la communauté LGBTQ+ aux États-Unis lorsqu’un Américain d’origine afghane avait tué 49 personnes dans une boîte de nuit gaie d’Orlando en Floride.  

« Lorsque les politiques et les experts continuent à faire circuler des clichés, des insultes et de la désinformation à propos de la communauté trans et LGBTQ+, voilà le résultat », a fustigé dimanche Brianna Titone, première législatrice transgenre élue au parlement du Colorado.

Cette énième tuerie illustre par ailleurs la problématique de la circulation des armes à feu en très grand nombre dans le pays : 601 fusillades de masse ont été recensées aux États-Unis depuis début 2022, selon l’organisation Gun Violence Archive.