Le 8 novembre, les Américains se rendront aux urnes pour les élections de mi-mandat. En plus d’élire leurs représentants politiques, les citoyens de cinq États se prononceront sur la question de l’avortement. C’est le cas au Michigan, un État pivot fortement divisé. La Presse s’est rendue dans une clinique d’avortement de Detroit. Et a recueilli les témoignages de militants antiavortement pour qui la vie est sacrée — dès la conception.

« Il faut que les gens aillent voter »

Detroit, Michigan — Sur la route Seven Mile, les petits commerces aux fenêtres placardées et aux portes grillagées se succèdent. Entre un terrain vague et une station-service, le Scotsdale Women’s Center loge dans un discret bâtiment de briques brunes d’un seul niveau, pouvant accueillir jusqu’à 30 femmes par jour.

« J’ai grandi dans ce milieu », note sa directrice, Sam*, en montrant les différentes pièces de la clinique d’avortement de Detroit. La femme de 57 ans a suivi les traces de sa mère, un peu par hasard, après l’avoir vue à l’œuvre depuis les années 1970.

De l’accueil à la pièce de convalescence meublée de fauteuils noirs allongés, le labyrinthe des salles offre une incursion dans le combat politique des défenseurs du droit à l’avortement : aux murs, macarons pro-choix, bannières de marches pour les femmes et pancartes de candidats démocrates se succèdent. Des objets accumulés par Sam et sa mère au fil des décennies.

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Le Scotsdale Women’s Center, à Detroit, peut accueillir jusqu’à 30 femmes par jour.

Avenir incertain

Leur lutte a été remise au premier plan par la décision de la Cour suprême des États-Unis le 24 juin dernier. La Constitution fédérale ne garantit pas le droit à l’avortement, ont statué les juges dans l’arrêt Dobbs c. Jackson, un renversement de la décision de leurs prédécesseurs, rendue en 1973 ; Roe c. Wade protégeait les interruptions de grossesse jusqu’à la viabilité du fœtus pour l’ensemble des Américaines.

« Même si on l’avait vue venir depuis quatre ou cinq ans, j’ai pleuré quand j’ai appris la décision », confie Sam.

Aujourd’hui, elle ignore si le Scotsdale Women’s Center pourra continuer à offrir ses services aux femmes de Detroit. Un vote le 8 novembre décidera si le droit à l’avortement sera enchâssé dans la Constitution du Michigan.

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Sam est directrice du Scotsdale Women’s Center, à Detroit.

Je regarde ce que j’ai vécu et ce que ma mère a vécu [dans les années 1970] et c’est le même combat, la même rhétorique, les mêmes arguments.

Sam, directrice du Scotsdale Women’s Center

Ses cheveux blonds tombent de chaque côté de son couvre-visage à l’effigie de Ruth Bader Ginsburg, défunte juge de la Cour suprême élevée au rang d’icône progressiste.

L’arrêt Dobbs c. Jackson relègue la question de l’avortement à chaque État. En Californie, au Kentucky, au Michigan, au Montana et au Vermont, des propositions ont été ajoutées aux bulletins de vote des élections de mi-mandat afin de l’encadrer. Les procédures varient d’un État à l’autre pour permettre de soumettre une question aux électeurs. L’organisme Reproductive Freedom for All a mené la pétition pour faire ajouter l’amendement sur l’avortement au Michigan.

Risques et menaces

Ici, le débat sur l’avortement soulève les passions. Sam refuse d’ailleurs d’utiliser son véritable nom pour l’entrevue — à la demande de son fils, notamment. Il était à l’école primaire lorsqu’une figure connue du milieu pro-choix, le Dr George Tiller, directeur d’un centre d’avortement du Kansas, a été tué en 2009 par un extrémiste.

Sam ne se leurre pas : la poignée de militants antiavortement qui se réunit devant sa clinique chaque samedi depuis quatre ans pour protester contre ses activités la connaît. Mais elle prend des précautions.

D’autant plus que le climat s’est fortement polarisé aux États-Unis ces dernières années.

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Jakaiser Jackson est gardien de sécurité au Scotsdale Women’s Center depuis 2015. Même s’il est armé, il n’a encore jamais eu à se servir de son arme au travail.

Un écriteau sur la porte d’entrée du centre, du côté intérieur, interdit à quiconque d’ouvrir aux visiteurs. Cette responsabilité est laissée au gardien, armé.

« Avant, j’essayais de parler aux manifestants, confie Jakaiser Jackson, gardien de sécurité au Scotsdale Women’s Center depuis 2015. Mais ça ne sert à rien. Ils ont leurs propres idées, peu importe ce qu’on dit. Donc ma priorité est de permettre aux femmes d’entrer. »

Le colosse de 50 ans et 6 pi 4 po feuillette un cahier. Les photos de militants, pancartes à la main ou bébés dans les bras, défilent au fil des pages plastifiées.

[Les manifestants] commencent toujours par dire aux femmes qu’ils vont être là pour elles et leur bébé, mais quand elles les ignorent, ils deviennent haineux.

Jakaiser Jackson, gardien de sécurité au Scotsdale Women’s Center

D’un milieu catholique à un avortement

« C’est frustrant, parce qu’on voit des patientes qui tentent d’accéder à un soin de santé se faire dire qu’elles sont diaboliques et iront en enfer », commente Ashia George. L’infirmière certifiée travaille depuis près de 10 ans dans la clinique d’avortement.

La mère de 30 ans parle avec détermination et refuse de cacher son identité. Même si des militants antiavortement lui ont déjà fait parvenir des lettres à son adresse personnelle, raconte-t-elle.

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L’infirmière Ashia George est devenue pro-choix après avoir subi un avortement. Elle travaille depuis auprès des femmes dans la même situation.

Elle connaît bien leurs arguments. Mme George a grandi dans un milieu catholique, où l’avortement était vu comme « mal ». Jusqu’à ce que la mère aujourd’hui âgée de 30 ans soit confrontée à la question.

« Il y a 11 ans, j’ai eu mon fils, et ç’a été difficile, j’ai dû avoir une césarienne d’urgence », raconte-t-elle, attablée dans la salle des employés, où flotte une odeur de thé noir.

Elle est retombée enceinte l’année suivante. « Mon corps était encore en train de guérir », explique-t-elle.

La décision d’avoir un avortement s’est imposée à elle. « Je suis devenue pro-choix », ajoute-t-elle.

L’infirmière a décidé d’aider d’autres femmes dans sa situation — des patientes de plus en plus reconnaissantes, juge-t-elle, alors que les décisions juridiques et politiques pèsent sur la clinique.

Après le vote

Mme George songe à quitter le Michigan si l’amendement pour le droit à l’avortement est rejeté. Sam estime de son côté qu’elle devra fermer les portes du centre.

Je ne vois pas d’autres façons pour que les soins d’avortement continuent, sauf avec cette proposition.

Sam, directrice du Scotsdale Women’s Center

Sam a tout de même bon espoir que la proposition obtiendra la majorité.

Sans amendement, il reviendra aux élus et aux juges de se pencher sur la question.

Le Michigan reste un État pivot, où les luttes entre les valeurs démocrates et républicaines sont serrées.

Même si la pétition pour introduire l’amendement sur le bulletin de vote a recueilli plus de 750 000 signatures, les militants pro-choix préfèrent donc un changement constitutionnel, plus pérenne, à une loi.

Au début du mois d’octobre, lors du passage de La Presse, seules quelques patientes se trouvaient au Scotsdale Women’s Center.

Elles devaient repartir avec un feuillet doté d’un code QR pour faciliter leur inscription au vote par téléphone mobile.

« Ce n’était pas tout de faire une pétition pour demander le vote : il faut maintenant que les gens aillent voter », souligne Sam.

* Prénom fictif

Michigan

Population : 10 millions

Élection présidentielle 2020

Joe Biden : 50,62 %

Donald Trump : 47,84 %

Origine ethnique

Blanche : 79 %

Afro-américaine : 14,1 %

Hispanique : 5,6 %

Sources : Census.gov, site du gouvernement du Michigan

54 %

Proportion des électeurs au Michigan qui appuyaient l’avortement en 2014

Source : Pew Research Center

19 %

Des Américains croient que l’avortement devrait être légal, sans exception

Source : Pew Research Center, mars 2022

8 %

Des Américains croient que l’avortement devrait être illégal, sans exception

Source : Pew Research Center, mars 2022

42 %

Des Américains croient que l’avortement devrait être légal dans la plupart des cas

Source : Pew Research Center, mars 2022

Une « question morale »

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Devant la basilique National Shrine of the Little Flower, des pancartes appellent les électeurs du Michigan à rejeter la « proposition 3 », l’amendement à la Constitution pour le droit à l’avortement.

Royal Oak, Michigan — La proposition pour sceller le droit à l’avortement dans la Constitution du Michigan suscite l’indignation des groupes antiavortement. Si elle est adoptée, l’État pourrait devenir une destination pour les femmes des autres États cherchant à interrompre leur grossesse, disent-ils. Et ils mettent en garde les électeurs contre le sens « perfide » des mots utilisés dans un éventuel amendement.

« L’État du Michigan passerait d’un des meilleurs États pour soutenir la vie des personnes pas encore nées à la capitale de l’avortement de notre pays », s’inquiète Kathleen Wilson, coordonnatrice du respect pour la vie et des activités pro-vie à l’archidiocèse de Detroit.

L’amendement proposé va plus loin que la décision de 1973 de la Cour suprême puisqu’il ne s’arrête pas à la viabilité du fœtus, dénonce celle qui se souvient d’avoir milité contre l’avortement à l’époque, lorsqu’elle avait 14 ans. « C’est l’une des politiques les plus extrêmes » au pays, insiste Mme Wilson, assise dans la nef de la basilique de sa paroisse, National Shrine of the Little Flower.

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Kathleen Wilson, coordinatrice du respect pour la vie et des activités pro-vie à l’archidiocèse de Detroit

« Trop extrême », « emmêlante », « allant trop loin » : ce sont les arguments martelés par le camp du « non » dans ses publicités. La campagne est menée par un regroupement d’une vingtaine d’organismes — dont la Conférence catholique du Michigan, qui chapeaute l’archidiocèse de Detroit —, réunis sous la bannière Citizens to Support Michigan Women and Children.

La coalition tente de convaincre les électeurs modérés, des Michiganais craintifs de l’interprétation possible des mots, mais pas forcément engagés contre l’avortement. Ou des citoyens réticents à l’idée d’une modification constitutionnelle, plus difficile à révoquer qu’une loi.

« Ce serait permanent », explique la porte-parole Christen Pollo, jointe au téléphone à Lansing, la capitale de l’État.

C’est un amendement constitutionnel, donc s’il passe, nous serons coincés avec les conséquences, qu’elles soient voulues ou pas — et je pense qu’il y a plusieurs conséquences non intentionnelles —, probablement pour toujours.

Christen Pollo, porte-parole de la coalition Citizens to Support Michigan Women and Children

« Jusqu’à la naissance »

L’interprétation de la coalition est que l’amendement ouvre la porte à des avortements « jusqu’à la naissance », dit-elle.

Le texte soumis au vote précise la possibilité pour l’État de « réglementer l’avortement après la viabilité du fœtus » — comme c’est le cas actuellement, le Michigan ayant établi la limite pour une interruption volontaire de grossesse à cette viabilité, autour de 24 semaines.

Mais ça ne convainc pas les opposants.

Notamment parce que le texte prévoit une exception si l’avortement est « nécessaire pour protéger la vie d’une patiente ou sa santé mentale ou physique ».

« Les termes ne sont pas définis, explique Mme Pollo, qui y voit une faille. J’ai plusieurs amies enceintes en ce moment, et si on leur demandait si la grossesse a affecté leur santé mentale et physique, elles diraient : absolument ! »

Failles possibles dans l’interprétation

La campagne met de l’avant les conséquences possibles d’une interprétation large du texte : l’amendement fait référence à des « individus » et non à des adultes — abolissant donc la notion de consentement des parents pour des procédures médicales chez une mineure, craint-elle. Il invalide toutes les autres lois touchant à l’avortement — donc celles entourant la bonne marche des cliniques, avance-t-elle. Il interdit la poursuite contre une personne ayant participé à un avortement — laissant ainsi les patientes impuissantes en cas de faute professionnelle, déduit-elle.

Comme porte-parole d’une coalition formée spécifiquement pour contrer la proposition, Mme Pollo ne veut pas se prononcer sur la question plus spécifique du droit à l’avortement. « Nous sommes plusieurs groupes qui, j’en suis sûre, ont différentes idées sur les différentes options pour notre État », dit-elle.

Question morale

Pour les militants antiavortement, qui se définissent comme « pro-vie », ce ne sont pas que les mots qui dérangent. C’est le concept même de l’interruption volontaire de grossesse, impensable pour eux qui considèrent que la vie humaine commence dès la conception.

« Qu’est-ce que je dis à quelqu’un qui envisage de subir un avortement ? Je lui dis qu’il n’y a jamais de bonne raison. Jamais », dit par visioconférence Mary Lockwood, de Plymouth, non loin de Detroit. Même dans les cas de viol, « ce n’est pas une option envisageable », ajoute-t-elle.

La femme de 70 ans a subi trois avortements, tous pendant le premier trimestre, pour des raisons « pratiques et égoïstes », dit-elle : son conjoint de l’époque n’en voulait pas, elle désirait poursuivre ses études tout en travaillant.

Catholique pratiquante, elle fait aujourd’hui partie des groupes antiavortement Right to Life Michigan et Silence No More, où elle discute de ses regrets et d’options de rechange pour les femmes enceintes. Comme Mme Wilson et Mme Pollo, elle insiste sur la nécessité d’épauler les femmes pendant et après la grossesse.

La femme aux yeux bleus cerclés de grandes lunettes parle avec franchise. Lier le droit d’avorter à la viabilité du fœtus hors de l’utérus n’est pas une option valable pour elle. « Est-ce que l’enfant à 8 semaines, 10 semaines [de grossesse] a moins de valeur que vous et moi ? demande-t-elle. Je ne crois pas. »

Aux personnes qui lui reprochent de vouloir imposer ses croyances religieuses, elle répond que « l’avortement n’est pas une question religieuse, mais une question morale ».

Religion et politique

Devant la basilique National Shrine of the Little Flower, des pancartes noires sont bien visibles le long de la route Twelve Mile : « Non à la proposition 3 : embrouillée, extrême ».

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Dans plusieurs cimetières et sur des terrains d’églises, des plaques et des monuments rendent hommage aux « victimes de l’avortement » ou aux « non nés ».

La prise de position de l’Église suscite parfois des commentaires hostiles, souligne Kathleen Wilson, mais elle n’a pas eu vent de vandalisme — contrairement à un centre antiavortement pour femmes enceintes de la région, visé récemment.

« Des gens sont fâchés que l’Église prenne position, que les prêtres en parlent, parce qu’on ne parle pas normalement de choses politiques, explique Mme Wilson. Mais c’est différent. Ce n’est pas considéré comme une revendication politique, mais comme une revendication d’enjeu. Et c’est un enjeu de vie ou de mort. C’est un enjeu humain. »

Au gré des décisions

PHOTO REBECCA COOK, ARCHIVES REUTERS

Des militants pour le droit à l’avortement lors d’un rassemblement la semaine dernière, à Detroit

Detroit, Michigan — « Légalement ouvert pour des soins d’avortement », indique une banderole, en lettres roses sur fond noir, devant le Scotsdale Women’s Center, à Detroit.

Les Américaines ont quelques raisons d’être confuses : depuis l’arrêt de la Cour suprême du pays le 24 juin, les décisions sur l’avortement sont reléguées à chaque État.

Non seulement l’accès varie d’un État à l’autre, mais en plus il fluctue au gré des décisions des différents tribunaux — les deux camps se livrant d’âpres batailles juridiques pour suspendre ou forcer l’application des lois.

En juillet, il y a eu une grande augmentation du nombre de patientes, principalement de l’Ohio.

Sam*, directrice du Scotsdale Women’s Center

Une loi pour limiter l’avortement est entrée en vigueur dans cet État voisin du Michigan durant l’été. En octobre, un tribunal en a suspendu l’application. Mais ce n’est probablement pas la fin des rebondissements juridiques.

Loi de 1931

Le Michigan n’est pas en reste : une loi de 1931 criminalise l’avortement, sauf pour sauver la vie de la mère. L’arrêt Roe c. Wade l’a rendue inapplicable.

Mais elle n’a jamais été formellement modifiée.

Les défenseurs pro-choix, dont la gouverneure démocrate de l’État, tentaient depuis des mois d’obtenir une garantie sur le droit à l’avortement, sachant la nouvelle décision de la Cour suprême imminente.

Les militants antiavortement, eux, souhaitaient la mise en application de la loi de 1931.

Elle a été suspendue puis invalidée par une juge. Un groupe antiavortement a lancé une nouvelle procédure juridique.

Un domaine médical particulier

« L’ambiguïté légale est un défi, dit John*, un des médecins du Scotsdale Women’s Center. À cause de la vieille loi, on s’est beaucoup posé la question d’une journée à l’autre : serons-nous ouverts, serons-nous fermés ? »

Sous un bonnet frappé des mots « Ohio State », l’État d’où il est originaire, le médecin refuse d’être identifié, par crainte de représailles.

Le traitement de l’interruption volontaire de grossesse dans le milieu médical le laisse songeur, lui qui travaillait dans un département d’obstétrique-gynécologie avant de se joindre à la clinique d’avortement il y a 10 mois. « J’avais l’impression que ma formation était déficiente pour ce qui est de l’avortement », confie le trentenaire aux yeux bleus.

Ses collègues n’évoquaient pas directement leurs opinions. « Mais de la façon dont ils parlaient, ils tentaient activement de décourager la patiente, juge-t-il. Ils allaient jusqu’à décrire la procédure en disant qu’elle était morbide ou sanglante… Toutes les interventions chirurgicales sont plutôt morbides et sanglantes, mais dans aucun autre cas on ne décrit les détails comme ça. C’était un peu étrange à entendre. »

La vie de la mère

Anna Cassar milite pour le droit à l’avortement. Carte du Parti démocrate au cou, elle sollicite les membres actifs du parti de son quartier cossu de Royal Oak, au nord de Detroit.

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Anne Cassar milite pour le Parti démocrate, en sensibilisant notamment les partisans à la proposition sur l’avortement.

La femme de 63 ans espère influencer leur vote avec ses expériences.

« J’ai toujours voulu avoir des enfants, mais j’ai eu de la difficulté à concevoir, dit la mère d’une femme de 26 ans. La première fois que je suis tombée enceinte, j’ai fait une fausse couche à 8 semaines. J’ai dû avoir un curetage. »

Quelques années plus tard, après 7 mois de grossesse, elle a perdu l’enfant dans son ventre. Une épreuve douloureuse dont elle parle les larmes aux yeux, près de 30 ans plus tard.

« On entend parler des exceptions à l’avortement pour sauver la mère, mais est-ce que les médecins prendraient le risque avec une loi restrictive ? demande-t-elle. Dans mon cas, j’aurais pu développer une septicémie [potentiellement mortelle]. C’est très important pour moi de dire que tout n’est pas toujours si facile à déterminer. »

Des embûches

Malgré l’arrêt Roe c. Wade, les cercles conservateurs ont réussi au fil des ans à faire adopter différentes lois décriées par les groupes pro-choix, qu’ils espèrent faire lever.

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Document de consentement éclairé produit par le département de la Santé et des Services sociaux du Michigan

Comme un peu plus de la moitié des États américains, le Michigan exige une période d’attente, fixée à 24 heures, avant une interruption volontaire de grossesse.

Une patiente doit donc se rendre une première fois à la clinique pour obtenir un document de consentement éclairé produit par le département de la Santé et des Services sociaux du Michigan. Outre les risques de complication liés à un avortement, on y détaille l’évolution d’un fœtus, de la 4e à la 28e semaine, avec des photos d’aliments pour visualiser sa taille : de quatre grains de pavot à une laitue romaine.

La femme doit ensuite revenir 24 heures plus tard avec son approbation signée. Son consentement éclairé doit alors être validé sur place, en personne, lors d’une rencontre avec un médecin.

* Prénoms fictifs