(Washington) Dans un geste « historique », la commission d’enquête sur l’assaut du Capitole a cité vendredi l’ancien président Donald Trump à comparaître « le ou autour du 14 novembre ».

Le milliardaire républicain devra également produire avant le 4 novembre toute une série de documents en vertu de cette assignation, dont le principe avait été acté la semaine dernière.

À l’issue d’une audience télévisée, la commission de la Chambre des représentants chargée de faire la lumière sur le rôle de Donald Trump dans l’attaque du 6 janvier, avait créé la surprise en votant à l’unanimité pour convoquer l’ancien président.

Celui qui flirte ouvertement avec l’idée de se représenter en 2024 avait immédiatement renouvelé ses attaques contre une enquête qualifiée de « fiasco », sans dévoiler comment il allait répondre.

Ce panel, composé de sept élus démocrates et deux républicains, a déjà interrogé plus d’un millier de témoins, dont deux enfants de Donald Trump, et épluché des dizaines de milliers de documents, mais s’est heurté au refus de coopérer de certains proches.

PHOTO J. SCOTT APPLEWHITE, ASSOCIATED PRESS

Le président de la Commission du 6-Janvier Bennie Thompson et la vice-présidente Liz Cheney

L’ex-conseiller Steve Bannon, considéré comme artisan de la victoire de Donald Trump en 2016, a d’ailleurs été condamné vendredi à quatre mois de prison pour avoir refusé de répondre à ses convocations.

« Sanglante »

La commission est engagée dans une course contre la montre : si les démocrates perdent le contrôle du Congrès lors des élections de mi-mandat, le 8 novembre, elle risque d’être dissoute par la nouvelle majorité républicaine.

Ses deux chefs, les élus démocrate Bennie Thompson et républicaine Liz Cheney, ont donc convoqué formellement Donald Trump dans trois semaines seulement.

« Nous admettons qu’assigner un ancien président est une action importante et historique et nous ne la prenons pas avec légèreté », lui ont-ils écrit.

Mais, ont-ils ajouté, « nous avons les preuves que vous avez personnellement orchestré et supervisé une campagne pour changer le résultat de l’élection présidentielle de 2020 et empêcher le transfert pacifique du pouvoir », et celle-ci a débouché « sur une attaque sanglante contre le Capitole ».

Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans de Donald Trump convaincus par ses allégations de « fraudes électorales » avaient semé le chaos dans le temple de la démocratie américaine, au moment où les élus certifiaient la victoire de son rival démocrate Joe Biden.

Le républicain, qui avait exhorté ses supporters à se « battre comme des diables », avait immédiatement fait l’objet d’un procès en destitution au Congrès, mais avait été acquitté grâce aux sénateurs de son parti.

Cela n’a pas mis un terme à l’affaire : dans son rapport final, la commission pourrait recommander de l’inculper. La décision reviendra in fine au procureur général Merrick Garland, un homme prudent et méthodique qui « n’exclut rien ».

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