(Washington) Le président américain Joe Biden a annoncé jeudi effacer toutes les condamnations fédérales pour simple détention de cannabis.

« Personne ne devrait être emprisonné pour avoir simplement consommé ou possédé du cannabis », a-t-il estimé, en appelant les gouverneurs des États à suivre cette voie et à gracier les personnes condamnées pour un simple délit de détention de cannabis.

Le président a par ailleurs appelé les autorités sanitaires et judiciaires à repenser les peines associées à la marijuana, alors que le mouvement pour sa dépénalisation rencontre un fort écho aux États-Unis. M. Biden a cependant insisté sur l’importance de poursuivre la lutte contre le trafic et la vente de cannabis aux mineurs.

Ces nouvelles mesures visent également à rectifier des procédures pénales frappant de façon disproportionnée les minorités ethniques, a justifié le locataire de la Maison-Blanche.

« Effacer le casier judiciaire des personnes condamnées pour détention de drogue est une question de justice sociale », a applaudi l’influente élue progressiste Pramila Jayapal.

« C’est une victoire pour l’équité, la justice et la rédemption », s’est félicitée Cynthia Roseberry, une responsable de l’association de défense des droits civiques ACLU.

« Cela veut dire que des milliers de gens bénéficieront d’une seconde chance, au lieu d’être punis à jamais pour des actions qui sont désormais légales ou décriminalisées dans plus de la moitié des États », a-t-elle ajouté.

Appel du pied aux jeunes

L’annonce de Joe Biden intervient un mois avant des élections législatives de mi-mandat au cours desquelles les démocrates pourraient perdre le contrôle d’au moins une des deux chambres parlementaires américaines.

Du côté de l’opposition, le sénateur républicain Tom Cotton a fustigé « une tentative désespérée de détourner l’attention d’un mauvais leadership ».

La chambre basse du Congrès américain avait approuvé début avril une proposition de loi, portée par les élus de son parti démocrate, visant à rayer le cannabis de la liste fédérale des drogues dangereuses.

Le texte doit toutefois encore être adopté par le Sénat.

Dix-neuf des 50 États américains, ainsi que la capitale Washington, ont déjà légalisé l’usage du cannabis à titre récréatif pour les adultes.

Dans la plupart des États, son usage médical est autorisé à différents degrés, depuis des huiles contenant un faible taux de THC (tétrahydrocannabinol, principe psychoactif du cannabis) à la marijuana pure.

Seule une poignée d’États ultraconservateurs et ruraux, comme l’Idaho, le Wyoming ou le Nebraska, restent intransigeants.

Mais, étrangement, la marijuana reste illégale au niveau fédéral. L’annonce de Joe Biden jeudi symbolise toutefois une première étape vers sa reclassification.

Selon une récente étude, la consommation de marijuana chez les jeunes Américains a atteint des records l’année dernière.

L’annonce de Joe Biden peut d’ailleurs être interprétée comme un appel du pied à cet électorat, à un mois des élections de mi-mandat.

Dans son ensemble, la population américaine est très majoritairement favorable à la légalisation du cannabis.

Selon une enquête menée par le centre Pew Research l’an dernier, 91 % des adultes pensent que la marijuana devrait être légale, pour un usage médical, pour un usage récréatif ou les deux à la fois.

Les ventes de cannabis légal aux États-Unis s’établissaient l’an dernier autour de 25 milliards de dollars et tous les experts prédisent une croissance rapide du secteur dans les prochaines années.