Au moins un avocat de l’ancien président Donald Trump a signé une déclaration écrite en juin affirmant que tous les documents marqués classifiés et conservés dans des boîtes dans une zone de stockage de la résidence et du club Mar-a-Lago de Trump avaient été rendus au gouvernement, ont déclaré quatre personnes ayant pris connaissance du document.

La déclaration écrite a été faite après une visite le 3 juin à Mar-a-Lago par Jay I. Bratt, le plus haut responsable du contre-espionnage de la division de la sécurité nationale du département de la Justice.

L’existence de cette déclaration signée, qui n’avait pas été signalée auparavant, est une indication possible que M. Trump ou son équipe n’ont pas été entièrement francs avec les enquêteurs fédéraux au sujet de ces documents.

Elle pourrait également contribuer à expliquer pourquoi une violation potentielle d’une loi pénale relative à l’obstruction a été citée par le Département comme l’une des raisons pour lesquelles il a demandé le mandat utilisé pour effectuer la perquisition d’une journée au domicile de l’ancien président lundi, une mesure extraordinaire qui a provoqué des ondes de choc politiques.

Elle permet également d’expliquer davantage la séquence des évènements qui ont poussé le département de la Justice à effectuer cette perquisition après des mois pendant lesquels il a tenté de résoudre l’affaire par des discussions avec M. Trump et son équipe.

Un inventaire des documents saisis au domicile de M. Trump, publié vendredi, montre que les agents du FBI ont saisi 11 jeux de documents portant une mention confidentielle ou secrète, certains avec la mention « classifié/TS/SCI », abréviation de « top secret/information sensible compartimentée ».

Les informations ainsi classifiées ne doivent être consultées que dans des installations gouvernementales sécurisées.

PHOTO STEVE HELBER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Mar-a-Lago, propriété de l’ancien président Donald Trump

La perquisition a porté non seulement sur la zone de stockage où se trouvaient les boîtes de documents connus du département de la Justice, mais aussi sur le bureau et la résidence de M. Trump. Le mandat de perquisition et l’inventaire dévoilés vendredi ne précisent pas où, dans le complexe de Mar-a-Lago, les documents marqués comme classifiés ont été trouvés.

M. Trump a déclaré vendredi qu’il avait déclassifié tous les documents en sa possession alors qu’il était encore en fonction. Il n’a fourni aucun document l’attestant.

Un « ordre permanent »

Lors d’une apparition sur Fox News vendredi soir, l’écrivain de droite John Solomon, que Trump a désigné comme l’un de ses représentants pour interagir avec les Archives nationales, a lu une déclaration du bureau de l’ancien président affirmant que Trump avait un « ordre permanent » selon lequel les documents sortis du bureau Ovale et apportés à la résidence de la Maison-Blanche « étaient considérés comme déclassifiés au moment où il les retirait ».

Un porte-parole de l’ancien président, Taylor Budowich, a déclaré samedi : « Comme toutes les chasses aux sorcières fabriquées par les démocrates auparavant, l’eau de ce raid sans précédent et inutile est portée par des médias prêts à courir avec des fuites suggestives, des sources anonymes et aucun fait concret. »

Le mandat de perquisition indique que les agents du FBI effectuaient la perquisition à la recherche de preuves liées à d’éventuelles violations de la loi sur l’entrave à la justice ainsi que de la loi sur l’espionnage et d’une loi interdisant la prise illégale ou la destruction de dossiers ou de documents gouvernementaux.

Personne n’a été inculpé dans cette affaire, et le mandat de perquisition ne signifie pas en soi que quelqu’un le sera.

L’année dernière, des fonctionnaires des Archives nationales ont découvert que M. Trump avait emporté avec lui un grand nombre de documents et d’autres matériels gouvernementaux lorsqu’il a quitté la Maison-Blanche à la fin de son mandat tumultueux, en janvier 2021. Ce matériel était censé être envoyé aux archives en vertu de la loi sur les archives présidentielles.

Retour sur les évènements

M. Trump a renvoyé 15 boîtes de documents en janvier de cette année. Lorsque les archivistes ont examiné le matériel, ils ont trouvé de nombreuses pages de documents marquées comme classifiées et ont transmis l’affaire au département de la Justice, qui a ouvert une enquête et convoqué un grand jury.

Au printemps, le Département a délivré à M. Trump une assignation à comparaître pour obtenir des documents supplémentaires qui, selon lui, auraient pu être en sa possession. Des conseillers ont exhorté à plusieurs reprises l’ancien président à rendre ce qui restait, malgré ce qu’ils ont décrit comme son désir persistant de conserver certains documents.

Dans le but de résoudre le différend, M. Bratt et d’autres fonctionnaires se sont rendus à Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride, au début du mois de juin, et ont brièvement rencontré M. Trump pendant leur séjour. Deux des avocats de M. Trump, Evan Corcoran et Christina Bobb, se sont entretenus avec M. Bratt et un petit nombre d’enquêteurs avec lesquels il a voyagé, selon des personnes informées de la réunion.

M. Corcoran et Mme Bobb ont montré à M. Bratt et à son équipe des boîtes contenant du matériel que M. Trump avait prises à la Maison-Blanche et qui étaient conservées dans une zone de stockage, ont indiqué ces personnes.

Selon deux personnes informées de la visite, M. Bratt et son équipe sont repartis avec des documents supplémentaires marqués comme classifiés et ont également obtenu à ce moment-là la déclaration écrite d’un avocat de M. Trump attestant que tous les documents ainsi marqués comme classifiés dans les boîtes avaient été remis.

Peu de temps après la réunion, selon les personnes informées, M. Bratt a envoyé un courriel à Corcoran lui demandant d’obtenir un cadenas plus sûr pour la pièce.

Le département de la Justice a également obtenu des images de surveillance de Mar-a-Lago, notamment des vues de l’extérieur de la salle de stockage. Selon une personne au fait de la situation, ces images ont suscité des inquiétudes parmi les enquêteurs quant à la manipulation du matériel. On ne sait pas exactement de quand datent ces images.

Au cours des derniers mois, les enquêteurs ont été en contact avec une demi-douzaine d’assistants actuels de M. Trump qui avaient connaissance de la manière dont les documents étaient traités, ont déclaré deux personnes informées de ces démarches. Au moins un témoin a fourni aux enquêteurs des informations qui les ont amenés à vouloir presser davantage Trump pour obtenir des documents, selon une personne au fait du déroulement de l’enquête.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

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