L’opération inédite et explosive ciblerait notamment des documents classifiés transférés à Mar-a-Lago par l’ex-président

(New York) Donald Trump a au moins raison sur un point. Rien de ce qui s’est déroulé à Mar-a-Lago lundi n’était arrivé auparavant à un président des États-Unis, ou même à un ancien occupant de la Maison-Blanche, description qui correspond à son statut actuel.

Dans une longue et furieuse déclaration diffusée lundi soir, le prédécesseur de Joe Biden a évoqué ce précédent en confirmant la perquisition de sa résidence de Palm Beach, en Floride, par plusieurs agents du FBI, qui auraient même forcé son coffre-fort.

Selon les médias américains, l’opération s’inscrivait probablement dans l’enquête ouverte le printemps dernier par le département de la Justice sur le transfert par Donald Trump de 15 boîtes de documents et objets de la Maison-Blanche à Mar-a-Lago à l’issue de sa présidence.

Le contenu des boîtes, dont certains éléments étaient « classifiés », aurait dû être versé entièrement aux Archives nationales à la fin du mandat de Donald Trump conformément à une loi baptisée Presidential Records Act.

Un juge fédéral a dû être convaincu que le FBI avait un motif valable de croire qu’un crime avait été commis avant de signer le mandat de perquisition.

Ni le FBI ni le département de la Justice n’ont fait de commentaires après l’opération.

Mais Donald Trump, qui se trouvait dans sa tour de Manhattan lundi, n’a pas hésité à décrier la perquisition, y voyant « une militarisation du système judiciaire » et « une attaque des démocrates de la gauche radicale qui ne veulent absolument pas [qu’il se] présente à la présidence en 2024 ».

« Rien de tel n’est jamais arrivé à un président des États-Unis auparavant, a-t-il fulminé. Après avoir travaillé et coopéré avec les agences gouvernementales concernées, cette descente imprévue à mon domicile n’était ni nécessaire ni appropriée. »

« Ils ont même forcé mon coffre-fort ! », s’est indigné Donald Trump avant de comparer l’action des agents du FBI à celle des cambrioleurs du Watergate.

Le propriétaire de Mar-a-Lago n’a fourni aucune information sur ce qui pouvait intéresser le FBI.

PHOTO WILFREDO LEE, ASSOCIATED PRESS

Partisan de Donald Trump et policier devant Mar-a-Lago lundi

Les Archives nationales ont découvert en janvier 2022 que Donald Trump avait transféré 15 boîtes de documents et d’objets à Mar-a-Lago. Les boîtes ont été retournées à Washington par les collaborateurs de l’ancien président. Ceux-ci ont semblé vouloir minimiser l’importance de leur contenu en affirmant qu’on y trouvait des cadeaux et des lettres envoyés par les dirigeants d’autres pays, dont les fameuses missives du leader nord-coréen Kim Jong-un.

Or, en février 2022, les Archives nationales ont informé le Congrès que les boîtes recelaient des documents contenant des informations classifiées.

Selon le Code pénal, une peine d’emprisonnement peut être infligée à toute personne reconnue coupable d’avoir dissimulé, enlevé, mutilé, oblitéré ou détruit volontairement et illégalement des documents gouvernementaux.

En plus d’obtenir un mandat de perquisition auprès d’un juge, le FBI a également dû recevoir le feu vert des responsables du département de la Justice avant de mener cette perquisition chez un ancien président.

Contexte politique particulier

Cette action inédite et explosive n’arrive pas seulement à moins de 100 jours des élections de mi-mandat mettant en lice plusieurs candidats soutenus par Donald Trump. Elle se produit également au moment où la rumeur prête à l’ancien président l’intention d’annoncer sa troisième campagne présidentielle dans les prochaines semaines.

En vidéo : Des partisans de Trump se rassemblent devant la maison de Mar-A-Lago

Kevin McCarthy, chef des républicains à la Chambre des représentants, est au nombre des alliés de Donald Trump qui ont contre-attaqué après l’annonce de la perquisition du FBI. Il s’en est pris au procureur général des États-Unis, Merrick Garland, affirmant que le département de la Justice avait atteint « un état de politisation intolérable » sous sa direction et promettant d’enquêter sur sa gestion « quand les républicains auront repris la Chambre ».

« Conservez vos documents et libérez votre agenda », a-t-il averti dans une déclaration écrite.

Le département de la Justice n’enquête pas seulement sur la gestion des boîtes de documents transférées par Donald Trump à Mar-a-Lago. Il s’intéresse aussi aux actions de l’ancien président et de son entourage avant et pendant l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole des États-Unis.

Donald Trump et ses proches font également l’objet d’une enquête criminelle menée par la procureure du comté de Fulton, en Géorgie, sur leurs efforts pour renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 dans cet État.

Aucun membre de la commission du 6-Janvier n’a commenté la perquisition du FBI à Mar-a-Lago. Mais la présidente d’une commission de la Chambre des représentants chargée d’enquêter sur le transfert des boîtes de documents de la Maison-Blanche a appelé le département de la Justice à « enquêter pleinement ».

« Les présidents ont le devoir solennel de protéger la sécurité nationale de l’Amérique, et les allégations selon lesquelles l’ancien président Trump a mis notre sécurité en danger en gérant mal des informations classifiées justifient l’examen le plus rigoureux », a déclaré la représentante démocrate de New York Carolyn Maloney.