(Washington) Cette semaine, Joe Biden a guéri de la COVID-19 et engrangé des soutiens cruciaux à ses projets au Congrès. Et le président américain, qui avait bien besoin de ces bonnes nouvelles, ne compte pas laisser les craintes autour d’une récession affecter ce rare alignement des planètes.

Lorsque le démocrate de 79 ans a été testé positif au coronavirus la semaine dernière, la nouvelle était venue s’ajouter à une série d’infortunes : une inflation au plus haut en 40 ans, une cote de popularité au plus bas et une majorité parlementaire si étroite qu’il semblait impossible de concrétiser les ambitieux projets du chef de l’État.

Mais voilà que mercredi, Joe Biden était déclaré officiellement libéré de la COVID-19 par son médecin et émergeait de son isolement pour être acclamé par le personnel de la Maison-Blanche dans le « Rose Garden » de la résidence présidentielle.

« Maintenant, je peux retourner dans le bureau Ovale », s’est réjoui M. Biden sous les applaudissements.

En plus de s’être débarrassé du virus, le président a appris ce jour-là que le Sénat, où démocrates et républicains sont à égalité et ne coopèrent quasiment jamais, avait adopté une proposition de loi prévoyant 52 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis.

Ce texte - approuvé jeudi par la Chambre des représentants, offrant ainsi une nouvelle victoire législative au président - prévoit la création de milliers d’emplois hautement qualifiés et permettra d’aider à atténuer la dépendance des États-Unis envers des usines principalement situées en Asie.

La loi cadre parfaitement avec l’une des principales priorités de Joe Biden, puisqu’il entend rétablir le type de recherche et de développement soutenus par l’État qui, selon lui, détermineront si les États-Unis parviennent à rester compétitifs face à la Chine.

« Bon chemin »

Mercredi, une autre surprise était annoncée : l’imprévisible sénateur Joe Manchin, un démocrate conservateur dont le vote est crucial pour son camp, avait décidé de soutenir un texte de loi allouant 369 milliards de dollars à des projets d’énergie verte et des initiatives pour le climat, et 64 milliards à des dépenses de santé au niveau des États.

Non seulement Joe Manchin a finalement choisi d’appuyer le projet, mais il a aussi astucieusement annoncé sa décision seulement après que les républicains ont été amenés à voter pour le projet de loi sur les semi-conducteurs – ce que certains d’entre eux n’auraient jamais fait s’ils avaient su que les démocrates étaient sur le point d’adopter une deuxième série de dépenses, bien plus importantes.

M. Biden, bien que plombé par une cote de popularité à moins de 40 %, juge donc que son célèbre optimisme finira par l’emporter.

« Je sais que parfois, on dirait que rien ne se concrétise à Washington », a-t-il dit jeudi.

La politique « peut être lente, frustrante et parfois même exaspérante », a-t-il ajouté, mais « les heures, les jours et les mois de travail acharné de personnes qui ont refusé d’abandonner finissent par porter leurs fruits ».

Et le président ne veut surtout pas que l’éventualité d’une récession, qui plane sur l’économie américaine, ne vienne gâcher la relative fête.

Alors que les statistiques montraient que l’économie américaine se contractait pour un deuxième trimestre consécutif, M. Biden affirmait que son pays n’était pas vraiment en récession, et son équipe se démenait pour que le terme ne soit pas au cœur de toutes les conversations.

« La façon dont nous voyons les choses, c’est que nous ne sommes pas actuellement dans une récession ou une pré-récession », a ainsi dit la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre.

Et M. Biden de l’assurer : « Nous sommes sur le bon chemin ».

« Il va y avoir beaucoup de discussions aujourd’hui à Wall Street et chez les experts pour savoir si nous sommes en récession. Mais si vous regardez notre marché du travail, les dépenses des consommateurs, les investissements des entreprises, nous voyons des signes de progrès économique », a-t-il affirmé.