(Washington) Le taux de mortalité par surdose a augmenté de façon disproportionnée chez les minorités aux États-Unis durant la crise de la COVID-19, notamment chez les Afro-Américains, a montré mardi une étude des autorités sanitaires américaines.

La pandémie, en perturbant l’accès aux services de prévention et de soins, a ainsi exacerbé des disparités « longtemps ignorées », selon cette nouvelle étude des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Selon celle-ci, le taux de mortalité par surdose chez les personnes noires a augmenté de 44 % entre 2019 et 2020.

L’augmentation était de 39 % chez les Autochtones et de 22 % chez les personnes blanches.

Au total, en 2020, les États-Unis ont enregistré plus de 91 000 morts par surdose, la majorité liée aux opioïdes de synthèse, notamment le fentanyl. Pour 2021, les chiffres provisoires montrent que la barre des 100 000 décès a été dépassée.

La crise des opioïdes a longtemps majoritairement touché la population blanche aux États-Unis, notamment avec la surprescription de puissants médicaments hautement addictifs. Mais les taux de mortalité par surdose ont par la suite augmenté bien plus vite chez les minorités.

En 2019, les taux de mortalité par surdose chez les personnes noires, autochtones et blanches étaient relativement similaires – respectivement de 27, 26 et 25 morts pour 100 000 personnes. Mais en 2020, ces chiffres sont passés à 39 pour les Afro-Américains et à 36 pour les Autochtones, contre 30 pour les Blancs.

Parmi les résultats les plus frappants de l’étude : chez les plus de 65 ans, le taux de mortalité des hommes noirs était sept fois plus élevé que celui des hommes blancs en 2020.

Le plus haut taux de mortalité était enregistré chez les hommes noirs de 45 à 64 ans (77 décès pour 100 000 personnes). Mais la plus forte augmentation entre 2019 et 2020 était constatée chez les jeunes Noirs de 15 à 24 ans.

Le racisme au cœur des disparités ?

« Le racisme, une des causes fondamentales des disparités de santé, continue de constituer une menace pour la santé publique », a déclaré durant une conférence de presse Debra Houry, responsable au sein des CDC, citant notamment le rôle des préjugés dans l’accès aux soins.

Selon l’étude, les personnes noires mortes par surdose étaient celles ayant le moins reçu de traitements par le passé (comme la prise d’opioïdes de substitut). Et le taux de mortalité chez les Afro-Américains et les Autochtones était paradoxalement au plus haut dans les endroits ayant le plus d’offres de traitement.

Simplement parce qu’il y a des traitements disponibles ne signifie pas que ces services sont réellement accessibles.

Mbabazi Kariisa, chercheuse sur la prévention des surdoses pour les CDC

Parmi les autres facteurs soulevés : les difficultés de transport jusqu’aux lieux de traitement, la stigmatisation leur étant liée, ainsi qu’une méfiance générale vis-à-vis du système de soins.