(Washington) Une juge de Louisiane a temporairement suspendu lundi les lois interdisant aux femmes de cet État d’avorter, ajoutant à la confusion aux États-Unis depuis le revirement de la Cour suprême sur le sujet.

La haute juridiction a annulé vendredi l’arrêt Roe c. Wade qui depuis près de 50 ans garantissait le droit des Américaines à interrompre leur grossesse, rendant aux États la liberté d’interdire les avortements.

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Plusieurs se sont immédiatement empressés de déclarer les avortements illégaux sur leur territoire, en s’appuyant notamment sur des lois restées en sommeil jusqu’ici. D’autres ont l’intention de réduire les délais pour avorter.

Mais la contre-offensive légale n’a pas tardé, avec des plaintes déposées devant les tribunaux des États plutôt que devant la justice fédérale.

En Louisiane, une clinique et des étudiants en médecine ont attaqué les trois lois interdisant les avortements, arguant qu’elles sont trop « vagues » puisqu’elles ne précisent pas clairement les exceptions ou les peines associées.

La juge Robin Giarrusso a bloqué lundi ces lois jusqu’à une audience le 8 juillet.

« Les avortements peuvent reprendre en Louisiane », a immédiatement tweeté le Centre pour les droits reproductifs, qui représentait les plaignants.

« Chaque jour où une clinique est ouverte peut faire une différence dans la vie de quelqu’un », a ajouté sa présidente, Nancy Northup, dans un communiqué.

Cette victoire pourrait n’être que de courte durée, le procureur général de Louisiane, Jeff Landry, ayant promis « de faire tout ce qui est en [son] pouvoir pour s’assurer que les lois protégeant les enfants à naître entrent en vigueur ».

Retarder l’inévitable

Des batailles comparables se jouent dans tout le pays. Dans l’Utah, un tribunal a également suspendu temporairement l’interdiction d’avorter, à la suite d’une plainte déposée par la puissante association de planification familiale Planned Parenthood.

PHOTO RICK BOWMER, ASSOCIATED PRESS

Manifestation pour le droit à l’avortement devant le Capitole de l’Utah, à Salt Lake City, le 24 juin

Cela représente « une victoire, mais ce n’est que la première étape de ce qui sera sans aucun doute un combat long et difficile », a commenté l’association, qui avait engagé ces poursuites au motif que l’interdiction des avortements viole, selon elle, la Constitution de l’État.

Le même argument est avancé en Floride par les détracteurs d’une loi ramenant à 15 semaines le délai légal pour avorter, qui doit entrer en vigueur vendredi.

D’autres procédures ont lieu dans l’Ohio, le Kentucky, l’Idaho, le Texas ou encore le Mississippi.

Cette guérilla devrait retarder l’échéance, mais, selon l’institut Guttmacher, la moitié des États, surtout dans le sud et le centre conservateurs et religieux du pays, devraient à plus ou moins long terme interdire les avortements sur leur sol.