(Washington) Menaces de mort, accusations de trahison et motions de défiance : les six élus républicains qui avaient voté pour une mise en accusation de Donald Trump après l’assaut du Capitole et qui briguent aujourd’hui un nouveau mandat ont mesuré ces 17 derniers mois le prix à payer pour s’être opposés à l’impitoyable chef de leur parti.

Une semaine après la violente intrusion de partisans de l’ex-président dans le siège du Parlement américain, dix élus conservateurs sur 211 soutenaient l’« impeachment » de Donald Trump, accusé d’avoir « incité » ses supporteurs à marcher sur le Congrès.

Quatre ont depuis annoncé prendre leur retraite, mais les autres sont devenus des parias dans leurs circonscriptions, tancés pour leur « déloyauté » à chaque détour de leur campagne électorale en vue du scrutin de mi-mandat en novembre.

Ostracisés par un parti toujours largement assujetti à l’ancien président, ces six élus se préparent à un très public rappel de leur rupture avec Donald Trump lors des auditions parlementaires qui braqueront à partir de jeudi tous les projecteurs sur les évènements du 6 janvier.

« Marécage »

Liz Cheney, fille d’un ancien vice-président et un temps figure du leadership républicain, a connu une chute brutale après avoir décrit le comportement de Donald Trump comme « la plus grande des trahisons ».

Elle a fait l’objet de motions de censure de son parti à Washington et dans son État du Wyoming, où elle a aussi été la cible de manifestations.

Mais elle a persévéré, et elle aura une place centrale jeudi en tant que vice-présidente de la commission d’enquête dite du « 6 janvier ».

M. Trump, qui ne rate pas une occasion de l’invectiver, a estimé en mai qu’elle était « le visage du marécage de Washington », sa façon de décrire l’établissement politique américain.

De son côté, l’élu Peter Meijer, qui achève son premier mandat, a confié à la chaîne MSNBC après son vote contre M. Trump qu’il avait dû acheter un gilet pare-balles après avoir reçu de nombreuses menaces de mort.

Photo Carlos Osorio, Associated Press

Peter Meijer

« C’est triste d’en arriver là, de s’attendre à ce que quelqu’un essaye de nous tuer », a dit celui qui avait auparavant accusé Donald Trump d’avoir « trahi des millions (de personnes) par ses allégations d’élection “volée” ».

Un responsable républicain local du Michigan avait notamment dit en plaisantant qu’un « assassinat » pourrait être une façon de gérer son cas.

Peter Meijer semble toutefois en position de l’emporter lors de sa primaire en août contre un protégé de Trump, mais sans le soutien de sa propre sœur, grande admiratrice de l’ex-président, et qui a décidé de soutenir un rival.

Menaces

Tom Rice et Dan Newhouse, qui ont tous deux tenté de faire profil bas après leur vote, ont néanmoins aussi subi des votes de défiance et affrontent des candidats soutenus par le milliardaire républicain.

Photo GREG NASH, Agence France-Presse

Tom Rice

Le premier, qualifié par Donald Trump de « lâche » et de « crétin […] dont on se moque à Washington », aurait reçu quelques semaines après l’impeachment un message vocal d’un électeur l’invitant à « venir prendre un café dans sa maison pour qu’il puisse le tabasser », selon un rapport de police cité par la chaîne NBC.

David Valadao est quant à lui le seul contre lequel le magnat de l’immobilier n’ait pas désigné d’adversaire. L’élu californien n’en fait pas moins face à une « profonde animosité » dans sa ville natale d’Hanford, selon le quotidien local The Daily Republic.

Photo Jacquelyn Martin, Associated Press

David Valadao

Jaime Herrera Beutler, enfin, ajoute au tort d’avoir voté pour la mise en accusation le fait d’avoir confirmé que Donald Trump ait reproché,  lors d’un appel au chef des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy, de ne pas être aussi « contrarié » par le résultat de l’élection que ses partisans ayant forcé l’entrée du Capitole pour interrompre la certification de la victoire de Joe Biden.

Mme Beutler aussi a fait l’objet d’une motion de censure et des opposants ont longuement manifesté devant sa permanence dans l’État de Washington.

Photo AL DRAGO, Agence France-Presse

Jaime Herrera Beutler

Et toutes les menaces qu’elle a reçues n’étaient pas anonymes. L’une est venue de sa propre collègue au Congrès, l’élue d’extrême droite Marjorie Taylor Greene.

« Les 75 millions de personnes loyales à Trump (te) surveillent », avait ainsi prévenu « MTG » depuis son compte Twitter désormais suspendu.

Qui sont les sénateurs républicains contre Trump ?

Une fois l'acte d'accusation adopté à la Chambre des représentants, c'est le Sénat qui prend la décision finale. Sept sénateurs républicains ont voté en faveur de sa destitution. Qui sont-ils ?

  • Mitt Romney, Utah
  • Richard Burr, Caroline du Nord
  • Bill Cassidy, Louisiane
  • Susan Collins, Maine
  • Lisa Murkowski, Alaska
  • Ben Sasse, Nebraska
  • Pat Toomey, Pennsylvanie
  • Mitt Romney

    Photo POOL, REUTERS

    Mitt Romney

  • Richard Burr

    Photo Greg Nash, Associated Press

    Richard Burr

  • Bill Cassidy

    Photo Manuel Balce Ceneta, Associated Press

    Bill Cassidy

  • Susan Collins

    Photo Ting Shen, Associated Press

    Susan Collins

  • Lisa Murkowski

    Photo WIN MCNAMEE, Agence France-Presse

    Lisa Murkowski

  • Ben Sasse

    Photo Patrick Semansky, Associated Press

    Ben Sasse

  • Pat Toomey

    Photo Tom Williams, Associated Press

    Pat Toomey

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