(Washington) « On l’a fait » : dans un port de la côte atlantique balayé par les vents, Joe Biden a vanté cette semaine les efforts de son administration pour remettre sur pied des infrastructures vieillissantes à travers le pays. À six mois de périlleuses élections de mi-mandat, peut-il faire de même avec sa présidence ?

Le président démocrate est lancé dans une course contre la montre, avec en ligne de mire les élections législatives de novembre, lors desquelles l’opposition républicaine, toujours ultrafidèle à Donald Trump, pourrait reprendre le contrôle du Congrès américain.

Le New Hampshire mardi, l’Oregon jeudi, Seattle ce vendredi après l’Iowa et la Caroline du Nord la semaine dernière : l’avion présidentiel Air Force One enchaîne les kilomètres.

Le discours de Joe Biden, prononcé dans un hangar portuaire du New Hampshire – État très disputé lors des élections –, s’inscrit dans une campagne éclair visant à remettre la politique locale au cœur de sa présidence, après des semaines marquées par la guerre en Ukraine.

Mais selon les enquêtes d’opinion, de moins en moins d’Américains sont réceptifs à son message. L’agrégateur de sondages FiveThirtyEight place la cote de popularité de Biden à un maigre 42 %.  

C’est « le pire environnement politique que j’ai connu en 30 ans de carrière de consultant », affirme John Anzalone, sondeur de la campagne présidentielle de Joe Biden en 2020, qui prédit des pertes potentiellement cataclysmiques pour le président et son parti à la Chambre des représentants après les élections. Le sort du Sénat est plus incertain.

Amérique anxieuse

Nombre record de migrants traversant la frontière entre le Mexique et les États-Unis, crispation autour du port du masque, criminalité : par ses détracteurs, le président est accusé d’être responsable de tous les maux d’une Amérique anxieuse et divisée.

La Maison-Blanche vante la bonne santé de l’économie américaine, comme l’attestent plusieurs indicateurs économiques. Argument auquel nombre d’Américains opposent la facture de leurs courses et celle à la pompe, au moment où l’inflation est à son plus haut niveau en 40 ans.

« Il est de plus en plus clair que les politiques de Biden ne fonctionnent pas pour le plus grand nombre, y compris pour ceux qui ont voté pour lui », tançait Matt Schlapp, lobbyiste proche de Donald Trump, sur Fox News mercredi.  

Et pendant que les républicains mènent une campagne de front contre la supposée idéologie bien-pensante de la gauche américaine, les démocrates enchaînent les déconvenues au Congrès. Des querelles intestines dans le parti de Joe Biden l’ont privé d’un vaste projet d’investissement social et écologique, censé réinventer l’État-providence américain.

« Pour dire les choses clairement : si nous n’utilisons pas les mois qui restent avant les élections pour mettre en œuvre une plus grande partie de notre programme, les démocrates se dirigent vers d’énormes pertes lors de législatives », a alerté l’influente sénatrice Elizabeth Warren dans une tribune publiée par le New York Times.

Lueur d’espoir ?

S’il y a une petite lueur d’espoir pour Joe Biden, c’est qu’un éventuel contrôle républicain du Congrès pourrait lui donner l’occasion de braquer davantage les projecteurs sur les politiques de ses adversaires, qui se contentent pour l’heure surtout de critiquer les siennes.

D’autres présidents américains, comme Bill Clinton ou Barack Obama, ont connu de sévères déconvenues aux « midterms », sans pour autant que cela les prive d’un second mandat.

Le dirigeant démocrate de 79 ans pourrait aussi profiter en 2024 d’une reprise de la présidentielle de 2020 : Donald Trump, de plus en plus candidat, est si clivant que Joe Biden pourrait se retrouver à nouveau sollicité pour lui faire barrage.

« Beaucoup d’entre nous pensent que si Trump se présente, il n’y a personne d’autre que Joe Biden qui pourrait le battre », a souligné M. Anzalone à Politico.