(Washington) Les États-Unis ont déjà fourni à l’Ukraine des centaines d’armes antichars et antiaériennes, mais avec les envois d’armement annoncés mercredi par Joe Biden, l’assistance militaire américaine à l’Ukraine est entrée dans une nouvelle phase, plus musclée.

Le président américain a promis d’aider l’Ukraine à se procurer des « systèmes de défense antiaérienne de plus longue portée » que les Stingers déjà fournis, et va envoyer 100 drones à l’armée ukrainienne pour qu’elle se défende plus efficacement contre l’artillerie russe qui pilonne les villes.

Batteries antiaériennes

Selon une source militaire américaine, ces systèmes antiaériens sont des S-300, des concurrents russes de première génération du Patriot américain dont l’armée ukrainienne connaît bien le fonctionnement.

Dotées de radars puissants et autonomes, ces batteries antiaériennes mobiles – elles sont chargées sur des camions – se déclenchent automatiquement lorsqu’une menace est repérée.

Ces S-300 pourraient venir de certains pays de l’ex-bloc soviétique qui en possèdent encore, notamment la Slovaquie et la Bulgarie, où le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a justement prévu d’effectuer des visites cette semaine.

Les États-Unis possèdent eux aussi plusieurs missiles de S-300, selon la même source militaire qui précise que Washington a prévu de les envoyer en Ukraine dans les prochains jours.

Les archives du New York Times révèlent qu’à la faveur de l’effondrement de l’URSS, le Pentagone a reçu livraison en décembre 1994 d’une batterie antiaérienne S-300 acquise auprès de la Biélorussie – déjà présidé par Alexandre Loukachenko, aujourd’hui allié de Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine.

Les militaires américains voulaient en étudier les spécificités techniques afin de pouvoir s’en défendre plus efficacement, racontait alors le quotidien américain. « Le système inclut un lanceur de missiles, des radars et des missiles », précisait le journal, notant que « les généraux russes disent qu’il est meilleur que le Patriot. Les officiers américains ne sont pas d’accord ».

Drones kamikazes

Joe Biden a annoncé l’envoi de 100 drones à l’Ukraine. Selon la source militaire, il s’agit de « Switchblade », des drones dits « kamikazes » qui explosent au contact de la cible et dont le modèle plus petit permet de détruire des blindés légers.

Les armes américaines qui avaient été fournies jusqu’ici à la défense ukrainienne étaient limitées à des cibles que les soldats pouvaient voir directement.

Missiles antiaériens Stinger

L’enveloppe de 800 millions de dollars annoncée mercredi comprend aussi 800 nouveaux lance-missiles sol-air portables Stinger, efficaces contre les hélicoptères et les avions volant à basse altitude.

Ils s’ajoutent aux plus de 600 Stingers déjà remis à l’Ukraine, selon la Maison-Blanche.

Washington les avait distribués avec largesse aux moudjahidines afghans dans les années 1980 pour combattre l’armée soviétique qui venait d’envahir le pays, et ils étaient devenus un symbole de la résistance afghane contre l’URSS. Mais ces Stingers se sont révélés insuffisants pour contrer les missiles de croisière russes en Ukraine.

Nouveaux missiles antichar Javelin

Washington va envoyer 9000 systèmes antichars dont 2000 Javelin, l’arme devenue le symbole de la résistance ukrainienne, qui s’ajoutent aux 2600 Javelin déjà fournis par Washington.

Équipe de deux charges explosives, il peut percer les chars les plus sophistiqués du monde, notamment le russe T-90, dont le blindage explosif réagit à l’impact d’un projectile afin de réduire ou de stopper sa perforation.

D’une portée de 2500 mètres, il est utilisable en mode d’attaque directe pour détruire un mur ou, s’il est tiré vers le haut, pour abattre un appareil volant à faible altitude comme un hélicoptère. Mais il est aussi utilisable en mode d’attaque en cloche : le missile monte jusqu’à 160 mètres d’altitude et retombe sur la cible à la verticale, comme le javelot des légionnaires romains (javelin en anglais).

C’est cette trajectoire par le haut qui en fait une arme redoutable contre les chars, car les blindés s’ouvrent par le toit, où le véhicule est le plus vulnérable.

Munitions de tous types

La nouvelle assistance militaire américaine comprend aussi 100 lance-grenades, 5000 fusils, 1000 pistolets, 400 mitrailleuses.

Elle comprend aussi des dizaines de milliers de balles et munitions de tous types, y compris des munitions adaptées aux armes de fabrication russe, selon un haut responsable du Pentagone.