(New York) Pendant que la Russie continuait à bombarder les plus grandes villes d’Ukraine, Joe Biden a promis, mardi soir, de faire payer à Vladimir Poutine l’invasion de son voisin, vantant dans la foulée le « courage pur » du président Volodymyr Zelensky et de ses concitoyens.

« Il y a six jours, Vladimir Poutine a cherché à ébranler les fondations du monde libre », a déclaré le président américain en abordant d’entrée de jeu la question ukrainienne lors de son premier discours sur l’état de l’Union.

« Mais il a fait un mauvais calcul. Il pensait qu’il pouvait entrer en Ukraine et que le monde s’écraserait. Au lieu de cela, il a rencontré un mur de force qu’il n’avait jamais imaginé. Il a rencontré le peuple ukrainien. »

« Du président Zelensky à chaque Ukrainien, leur intrépidité, leur courage, leur détermination inspirent le monde. Des groupes de citoyens bloquant les chars avec leurs corps. Tous, des étudiants aux retraités en passant par les enseignants, se sont transformés en soldats défendant leur patrie », a-t-il ajouté en saluant également l’unité de la communauté internationale face à l’agression russe.

Joe Biden a annoncé une nouvelle mesure contre la Russie : la fermeture de l’espace aérien des États-Unis au pays de Vladimir Poutine. Le Canada et l’Union européenne avaient déjà adopté une telle mesure.

Le président américain a également indiqué que les États-Unis s’emploieraient à saisir les yachts et les appartements des oligarques russes.

« Nous venons pour vos biens mal acquis », a-t-il déclaré.

L’Ukraine

Le premier tiers du discours sur l’état de l’Union de Joe Biden, consacré à la crise ukrainienne, a été interrompu par de nombreux applaudissements venant des élus des deux partis, fait rare en cette époque de profondes divisions politiques.

Démocrates et républicains se sont notamment levés pour applaudir l’ambassadrice d’Ukraine aux États-Unis, Oksana Markarova, qui était l’une des invitées de la première dame, Jill Biden.

PHOTO J. SCOTT APPLEWHITE, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ambassadrice de l’Ukraine aux États-Unis Oksana Markarova et la première dame Jill Biden

Joe Biden a pour sa part reçu une ovation en déclarant que « Poutine est maintenant plus isolé du monde qu’il ne l’avait jamais été ».

Lorsque l’histoire de cette époque sera écrite, la guerre de Poutine contre l’Ukraine aura laissé la Russie plus faible et le reste du monde plus fort.

Le président Joe Biden

Mais il a laissé entendre que l’avenir rapproché risquait d’être éprouvant pour les Ukrainiens.

« Les Ukrainiens se défendent avec un courage pur, mais les prochains jours, semaines et mois seront difficiles pour eux. Poutine a déclenché la violence et le chaos. S’il peut faire des gains sur le champ de bataille, il paiera un prix élevé et continu sur le long terme », a-t-il dit.

Joe Biden a buté sur certains passages de son discours et commis une erreur en affirmant que Vladimir Poutine « ne pourra jamais gagner les cœurs et les âmes du peuple iranien ».

Le bilan

En temps normal, le discours sur l’état de l’Union offre au président une occasion unique de défendre son bilan de la dernière année et de présenter ses projets pour l’année à venir devant un large auditoire.

Celui de mardi intervenait à un moment délicat pour Joe Biden, et pas seulement à cause de la guerre en Ukraine. Selon un sondage Washington Post/ABC News publié le week-end dernier, seuls 37 % d’entre eux sont satisfaits de sa performance à la Maison-Blanche ou de sa gestion de l’économie.

Ces données peuvent sembler étonnantes, compte tenu de la forte croissance, du taux de chômage bas et de la pandémie de coronavirus qui semble vouloir donner un répit aux Américains. Mais elles témoignent d’un climat qui pourrait aider les républicains à ravir aux démocrates le contrôle des deux chambres du Congrès.

Joe Biden a donc voulu profiter de ce premier discours sur l’état de l’Union pour rehausser sa popularité auprès des Américains. Il a notamment vanté son plan de relance économique de 1900 milliards de dollars promulgué au début de sa présidence.

« Et contrairement à la réduction d’impôt de 2000 milliards de dollars adoptée par l’administration précédente, qui a profité au 1 % d’Américains les plus riches, le plan de sauvetage américain a aidé les travailleurs et n’a laissé personne de côté », a-t-il dit, ce qui lui a valu quelques huées des banquettes républicaines.

« Et ça a marché, a-t-il insisté. Cela a créé des emplois. Beaucoup d’emplois. En fait, notre économie a créé plus de 6,5 millions de nouveaux emplois l’année dernière, plus d’emplois créés en un an que jamais auparavant dans l’histoire de l’Amérique. »

L’inflation

Joe Biden n’a cependant pas ignoré l’une des causes principales de l’insatisfaction et du pessimisme des Américains, à savoir l’inflation, qui prive les familles « des gains qu’elles pourraient autrement ressentir », a-t-il reconnu.

Une façon de combattre l’inflation est de faire baisser les salaires et de rendre les Américains plus pauvres. J’ai un meilleur plan pour combattre l’inflation. Baisser vos coûts, pas vos salaires. Fabriquer plus de voitures et de semi-conducteurs en Amérique.

Le président Joe Biden

Il a notamment annoncé que les États-Unis avaient travaillé avec 30 autres pays pour libérer 60 millions de barils de pétrole des réserves du monde entier pour freiner la hausse des prix de l’essence à la pompe.

Son plan comprend la réduction des coûts des médicaments, dont l’insuline, et des frais de garde. Il prévoit aussi des crédits d’impôt pour doubler la production d’énergie éolienne et solaire.

« Mon plan ne s’arrête pas là. Il comprend également les soins à domicile et les soins de longue durée. Plus de logements abordables. Et la maternelle pour tous les enfants de 3 et 4 ans », a-t-il dit.

Joe Biden a par ailleurs pris ses distances de la gauche démocrate en se prononçant contre le « définancement de la police ». « La réponse est de fournir à la police les ressources et la formation dont elle a besoin pour protéger nos communautés », a-t-il dit.

La réponse

La gouverneure de l’Iowa, Kim Reynolds, a présenté la réponse républicaine au discours sur l’état de l’Union, critiquant Joe Biden à la fois pour sa gestion de l’inflation et sa politique étrangère.

« Au lieu de faire avancer l’Amérique, on a l’impression que le président Biden et son parti nous ont renvoyés dans le passé », a-t-elle déclaré, faisant allusion aux taux d’inflation élevés des années 1970.

En parlant de la politique étrangère du président démocrate, elle a déclaré : « La faiblesse sur la scène mondiale a un coût, et l’approche du président en matière de politique étrangère a toujours été trop peu et trop tard. »