(Washington) Sous pression de toutes parts, le président américain Joe Biden a annoncé vendredi qu’il allait sanctionner Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en personne, un acte rarissime et fortement symbolique.

L’impact de ces sanctions est encore flou, mais la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a indiqué que Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov seraient entre autres interdits d’entrée sur le territoire américain.

Elle a plus tard annoncé que les États-Unis allaient aussi sanctionner le Russian Direct Investment Fund, un fonds souverain de la Russie ayant vocation à attirer des investissements dans l’économie russe.

Joe Biden avait déjà promis ces derniers jours de porter un coup terrible à l’économie de la Russie et de reléguer Vladimir Poutine au rang de « paria » sur la scène internationale en riposte à l’invasion qu’il mène en Ukraine.

Mais à l’heure où les combats ont gagné la capitale Kiev, plusieurs pays membres de l’OTAN ont émis le souhait d’aller plus loin dans les représailles.

Dans la matinée, le président américain qui tente de mener une réponse occidentale unie face aux manœuvres de la Russie, avait participé à une réunion avec les membres de l’organisation depuis la « Situation Room », la salle ultra-sécurisée de la Maison-Blanche.

Dans la foulée, Bruxelles et Londres avaient annoncé des sanctions contre Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov, Washington leur emboîtant le pas quelques heures plus tard.

Ces sanctions sont un signe de « l’impuissance » des Occidentaux a immédiatement fustigé la diplomatie russe, alertant sur le fait que les relations avec les Occidentaux étaient proches du « point de non-retour ».

Swift

En plus d’appeler à punir Vladimir Poutine, de nombreuses voix s’élèvent pour exclure la Russie du réseau interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale. C’est « une option » selon Joe Biden, mais que le président s’est pour l’instant refusé à prendre, soulignant que certains pays européens s’y opposaient pour le moment.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba, qui avait rencontré Joe Biden au début de la semaine, a dit avoir souligné vendredi auprès de son homologue Antony Blinken « la nécessité d’utiliser toute l’influence des États-Unis sur certains pays européens hésitants afin d’exclure la Russie de Swift ».

Mais le président américain apparaît de fait ayant de plus en plus les mains liées sur la scène internationale.

Comme lorsque de son propre aveu, celui qui avait fait de sa stratégie en Asie-Pacifique un des marqueurs de sa politique étrangère, a indiqué avoir encore des « choses à résoudre » avec l’Inde sur la crise russo-ukrainienne. L’Inde s’est abstenue vendredi soir face à une résolution de l’ONU déplorant l’agression russe en Ukraine.

« Faire plus »

Joe Biden, qui souffre déjà d’une cote de popularité anémique sur le plan national, devra aussi justifier sa position dans cette guerre auprès des Américains lors de son grand discours de politique générale au Congrès, prévu mardi soir.

Si les Américains, lassés par les conflits sans fin en Irak et Afghanistan, sont plutôt réticents à ce que les États-Unis jouent un rôle majeur dans le conflit russo-ukrainien, de nombreux élus appellent M. Biden à hausser le ton.

« Nous pouvons et devons faire plus », a exhorté l’influent sénateur démocrate Bob Menendez, chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat et proche du président.

Plusieurs élus conservateurs ont par ailleurs insinué que le retrait chaotique des États-Unis d’Afghanistan, orchestré par Joe Biden, avait fait office « d’invitation » aux dictateurs du monde entier à agir.  

« La seule langue que Poutine comprend est la fermeté », a affirmé le ténor conservateur Lindsey Graham, appelant à « poursuivre » le leader russe qu’il a qualifié de « criminel de guerre ».

Dans les cercles les plus proches de Donald Trump, certains en ont même profité pour émettre à nouveau des doutes sur la capacité de Joe Biden, président quasi octogénaire, à gouverner.