(New York) L’État de New York a décidé de faire tomber le masque en intérieur, dans la foulée d’autres États gouvernés par des démocrates, une réponse à la lassitude d’Américains, au moment où le nombre de contaminations à la COVID-19 est en chute libre aux États-Unis.

À compter de jeudi le quatrième État le plus peuplé du pays (quelque 20 millions d’habitants, dont près de neuf millions dans la mégapole New York) n’imposera plus le port du masque dans les lieux clos-commerces, restaurants, salles de spectacle, entreprises-a déclaré mercredi la gouverneure démocrate Kathy Hochul.

Mais cette obligation reste en vigueur dans les établissements scolaires, maisons de retraite, centres sociaux et de détention et il revient à chaque municipalité - dont celle de New York - et à chaque commerce de l’exiger ou non de ses administrés et clients, a précisé Mme Hochul.

PHOTO KENA BETANCUR, AGENCE FRANCE-PRESSE

Cette photo prise le 2 août 2021 montre un homme portant le masque à son arrivée dans une station de métro à New York. L’État de New York est le plus récent État démocrate à annoncer qu’il levait l’obligation de porter le masque à l’intérieur.

Par exemple, dans les music-halls de Broadway à Manhattan, « nous maintenons l’obligation du masque et du vaccin dans tous les théâtres jusqu’au 30 avril », a dit à l’AFP Charlotte St. Martin, qui préside la Broadway League.

Le masque reste aussi obligatoire dans les transports publics - trains, métros, bus, aéroports - qui relèvent d’une législation fédérale.

« Tableau magnifique »

Pour justifier sa décision, la gouverneure Hochul s’est targuée d’un « tableau magnifique » au plan sanitaire et d’indicateurs tous « en baisse » dans l’État.  Certes, a-t-elle reconnu, « nous n’en avons pas terminé (avec la COVID-19), mais la tendance est très, très bien orientée et c’est la raison pour laquelle nous envisageons dorénavant une nouvelle phase de la pandémie ».

Au printemps 2020, la ville de New York fut l’épicentre de l’épidémie aux États-Unis, avec ses morts entassés dans des camions frigorifiques, ses artères désertées comme dans un film de science-fiction.  La mégapole totalise au moins 38 000 morts de la COVID-19 depuis deux ans.  

Le port du masque y est encore bien respecté par des New-Yorkais beaucoup plus vaccinés que dans le reste du pays. À Manhattan ou à Brooklyn, les commerces affichent des croquis de visages masqués et il faut un passeport vaccinal et une pièce d’identité pour consommer assis un simple café.

L’État de New York suit ainsi la Californie, l’Oregon, le New Jersey, le Connecticut, le Delaware et l’Illinois, autant d’États démocrates qui annoncent depuis lundi la levée progressive entre cette semaine et mars du masque obligatoire en intérieur et/ou dans les écoles.

Dernier en date, le gouverneur démocrate de l’Illinois J. B. Pritzker a résumé mercredi l’état d’esprit de ses concitoyens : « Nous sommes tous fatigués de porter des masques, c’est évident », a-t-il lancé au Chicago Tribune.

Le dirigeant de cet État des Grands Lacs regarde peut-être avec inquiétude plus au nord les camionneurs canadiens opposés aux mesures sanitaires, qui bloquent la capitale Ottawa et un pont à la frontière entre les deux géants d’Amérique du Nord.  

À l’inverse dans nombre d’États dirigés par des républicains, comme la Floride, le masque n’a jamais vraiment été imposé à l’échelon étatique. Sans empêcher des gouverneurs de laisser des comtés et des municipalités l’imposer ponctuellement à l’école ou dans les administrations.   

Le masque, marqueur politique

De fait, le masque est un marqueur politique très fort aux États-Unis, où l’obligation de se couvrir le visage est considérée comme une entorse aux libertés individuelles par une grande partie de la droite et du parti républicain.  Ce dernier est d’ailleurs bien placé pour damer le pion au parti démocrate du président Joe Biden aux élections législatives de novembre prochain qui renouvelleront une partie du Congrès à Washington.

Signe que la COVID-19 a polarisé les positions politiques, le parti républicain a accusé mercredi « Joe Biden et les démocrates d’avoir politisé “la science” et de mentir à présent sur leurs opinions à géométrie variable sur les masques, obligations et confinements ».  

De fait, une enquête de l’institut de recherche Pew auprès de plus de 10 200 Américains révèle que 60 % d’entre eux ressentent de la « confusion » face aux changements dans les recommandations des autorités sanitaires pour lutter contre l’épidémie.

À l’échelon fédéral, il n’est pas encore question de lever les restrictions, mais « viendra le temps où la COVID-19 ne perturbera pas notre quotidien », a assuré mercredi le coordinateur de la lutte contre la COVID-19 à la Maison-Blanche, Jeffrey Zients.

Les contaminations aux États-Unis sont en chute libre avec moins de 250 000 cas par jour en moyenne sur sept jours glissants, selon les autorités sanitaires. Loin du pic de 800 000 cas atteint mi-janvier. Le pays a toutefois franchi le 4 février la barre des 900 000 morts de la COVID-19 en près de deux ans, selon l’université Johns Hopkins.