(Washington) Une Américaine, accusée par les États-Unis d’avoir dirigé en Syrie un bataillon féminin du groupe État islamique (EI), a été inculpée pour « soutien matériel à une organisation terroriste », a annoncé samedi le ministère de la Justice américain.

Agée de 42 ans et originaire du Kansas dans le centre des États-Unis, Allison Fluke-Ekren a été arrêtée en Syrie avant d’être remise vendredi au FBI, la police fédérale américaine, détaille le communiqué du ministère de la Justice.

La djihadiste présumée doit désormais comparaître lundi devant le tribunal fédéral d’Alexandria, en banlieue de la capitale Washington. Elle encourt une peine maximale de 20 ans de prison.

Son inculpation représente la première affaire aux États-Unis impliquant une femme aussi haut placée dans l’organisation djihadiste, selon le quotidien Washington Post.

Pour le ministère américain, Allison Fluke-Ekren « a voyagé en Syrie il y a plusieurs années dans le but de commettre ou de soutenir une entreprise terroriste ».

Connue également comme « Umm Mohammed al-Amriki », elle est soupçonnée d’avoir « planifié et recruté des agents en vue d’une potentielle future attaque sur un campus universitaire aux États-Unis ». Elle aurait également exprimé son souhait de commettre une attaque dans un centre commercial sur le sol américain.

Les États-Unis l’accusent en outre d’avoir servi de « dirigeante désignée et organisatrice d’un bataillon militaire de l’EI, connu sous le nom de Katiba Nussaïba », dont le but était d’entraîner des femmes au combat, notamment en 2017 pendant le siège de Raqa en Syrie, alors « capitale » de facto du califat de l’EI.

La « Katiba Nussaïba » y aurait été créée à la fin 2016 en tant que bataillon militaire comprenant uniquement des membres féminins de l’EI et mariés à des combattants du groupe djihadiste. Allison Fluke-Ekren aurait pris la tête de cette brigade peu après sa création.  

Son rôle l’aurait également amenée à entraîner des enfants à l’usage de fusils AK-47, de grenades, et de ceintures d’explosifs, selon la plainte du ministère de la Justice qui comprend les témoignages de six individus ayant « observé la conduite terroriste présumée » de l’Américaine entre 2014 et 2017.

Un témoin raconte qu’Allison Fluke-Ekren lui aurait exprimé « son désir de mener une attaque aux États-Unis ». Pour cela, elle lui aurait expliqué qu’elle « pourrait aller dans un centre commercial aux États-Unis, garer un véhicule bourré d’explosifs dans le sous-sol de la structure et faire détoner les explosifs dans le véhicule avec un téléphone ».

Selon la plainte, l’Américaine considérait que « toute attaque qui ne tuait pas un grand nombre d’individus représentait un gaspillage des ressources ».

Les femmes ne représentent qu’environ 10 % des personnes inculpées aux États-Unis pour leur participation au sein de l’EI, selon une étude du Programme sur l’extrémisme à l’université George Washington.