(Miami) Les recherches pour retrouver des dizaines de migrants, dont le bateau qui les transportait a chaviré entre les Bahamas et la Floride, continuaient mercredi soir, mais les chances de retrouver des rescapés s’amenuisent fortement, selon les garde-côtes américains coordonnant les recherches.

Les opérations de secours continueront durant la nuit de mercredi à jeudi, ont indiqué les garde-côtes sur Twitter dans la soirée. Elles n’ont pour l’instant permis de ne retrouver qu’un corps alors qu’un survivant dans un état stable affirme qu’une quarantaine de passagers se trouvaient à bord du navire.

« Nous avons récupéré le corps d’une personne […] et poursuivons les recherches d’autres survivants », avait déclaré mercredi matin la capitaine de la garde côtière du secteur, Jo-Ann Burdian, lors d’une conférence de presse.

Les chances sont toutefois très minces de trouver d’autres rescapés, près de quatre jours après le sinistre et dans des conditions de survie difficiles.

« Plus [les passagers] restent dans l’eau, sans nourriture, sans eau [potable], dans le froid, avec l’environnement marin, le soleil, les conditions de la mer… À chaque instant qui passe, il devient plus désespéré et plus improbable que quiconque ait pu survivre », a expliqué avec gravité la capitaine de la garde côtière.

PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Jo-Ann Burdian, capitaine de la garde côtière de Miami

Nous ne pouvons pas poursuivre les recherches indéfiniment.

Jo-Ann Burdian, capitaine de la garde côtière de Miami

Le bateau, parti samedi soir des îles Bimini, aux Bahamas, « a chaviré peu après leur départ du fait de graves intempéries dans la zone », a précisé Jo-Ann Burdian, et ce, à environ 65 km à l’est de la ville de Fort Pierce.

« Champs de débris »

L’alerte a été donnée mardi vers 8 h par un navire commercial ayant récupéré un des passagers qui avait réussi à s’accrocher à la coque du bateau renversé.

PHOTO FOURNIE PAR LA GARDE CÔTIÈRE AMÉRICAINE VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Passager ayant réussi à s’accrocher à la coque du bateau renversé

Ce survivant, ramené sur la terre ferme par les garde-côtes, a été hospitalisé pour déshydratation et brûlures dues à son exposition prolongée au soleil, a précisé Mme Burdian.

Selon ce rescapé, le bateau transportait 39 autres personnes et aucun des passagers ne portait de gilet de sauvetage.

Les conditions de recherches étaient mercredi « très bonnes », a décrit la capitaine, et un avion mobilisé pour les opérations de recherches et secours a repéré des « champs de débris » qui sont en cours d’examen « dans l’espoir de trouver d’autres victimes que nous pouvons récupérer des survivants ».

Les équipes de recherche ont déjà ratissé une zone de 7500 milles marins, a-t-elle indiqué, « soit environ la taille de l’État du New Jersey ».

Dangereuse traversée

Les autorités « soupçonnent une opération de trafic d’êtres humains », a confirmé la capitaine, décrivant un « itinéraire habituel » pour un tel trafic « entre les Bahamas et le sud-est des États-Unis ».

Environ 5000 migrants haïtiens travaillent légalement aux Bahamas, selon l’Organisation mondiale pour les migrations, mais de 20 000 à 50 000 y résident illégalement.

Les Bahamas, situés à 80 km au sud-est des côtes de la Floride, proches de la Jamaïque, de Cuba et d’Haïti, sont régulièrement utilisés comme terre de transit par des migrants qui cherchent à atteindre les États-Unis, et comme point de départ d’une dangereuse traversée par les Haïtiens vivant dans l’archipel.

La garde côtière américaine a annoncé dans la soirée de mercredi avoir intercepté la veille 191 Haïtiens à bord d’un bateau à voile surchargé, à environ 65 kilomètres au sud-ouest de l’île de Great Inagua, aux Bahamas.

Et vendredi, ce sont 32 personnes qui avaient été secourues après le chavirage d’un bateau à quelques kilomètres à l’ouest des îles Bimini dans une autre opération suspectée de trafic d’êtres humains, selon la garde côtière américaine.

« Naviguer en mer dans des bateaux surchargés et en mauvais état est extrêmement dangereux et peut entraîner la mort », avaient-ils prévenu dimanche sur Twitter.