(Washington) Camouflé de la tête aux pieds, le suspect s’est faufilé à travers les rues sombres de la capitale américaine avant de déposer des explosifs devant les bureaux des comités nationaux républicain et démocrate.

Les bombes tuyaux ont été trouvées seulement 17 heures plus tard, tout juste avant que le Capitole des États-Unis ne soit pris d’assaut par des partisans de Donald Trump. L’enquête est rapidement devenue prioritaire pour la police fédérale des États-Unis (le FBI) et le département de la Justice du pays.

Mais la piste s’est rapidement évaporée. Un an plus tard, les enquêteurs fédéraux ne connaissent toujours pas l’identité du suspect. Et une question fondamentale reste sans réponse : est-ce qu’il y avait un lien entre les bombes et l’émeute du Capitole ?

Ce suspect compte parmi les centaines de personnes toujours recherchées par le FBI depuis l’insurrection mortelle de janvier 2021. Jusqu’à présent, quelque 250 personnes filmées en train d’agresser des policiers au Capitole n’ont pas encore été identifiées et arrêtées par le FBI, et une centaine d’autres demeurent recherchées pour des crimes liés à l’émeute.

En revanche, plus de 700 personnes ont été accusées de crimes fédéraux pour des gestes posés le 6 janvier dernier, et des arrestations continuent à être effectuées régulièrement.

Mais pour les agents du FBI affectés à cette enquête, la tâche n’est pas terminée. Policiers, analystes et enquêteurs épluchent des milliers d’heures d’images captées par des caméras de surveillance, essayant de seconde en seconde d’obtenir des images claires des individus qui ont attaqué les agents à l’intérieur du Capitole.

« L’enquête prend du temps parce qu’il y a beaucoup de travail, c’est du travail minutieux, d’étudier les vidéos image par image », a dit le directeur adjoint du bureau du FBI à Washington, Steven D’Antuono.

La caméra corporelle d’un policier a ainsi filmé un homme qui utilise une canne électrique pour donner des chocs aux agents qui essaient d’empêcher les émeutiers d’entrer dans le Capitole. On peut entendre le craquement de l’électricité quand il touche un des agents. Le suspect « AFO114 » (une abréviation de « assaulting a federal officer », ou agression d’un agent fédéral) est toujours recherché.

« Les agressions de policiers sont des crimes très graves », a dit M. D’Antuono. Plus d’une centaine de policiers ont été agressés par des émeutiers le 6 janvier, dont certains qui l’ont été par de multiples personnes et à de multiples reprises.

Une autre vidéo montre un homme qui frappe plusieurs fois un policier à la tête avec une barre de métal de deux mètres, alors qu’il tente d’entrer dans le Capitole. Une troisième vidéo fait voir un homme qui asperge le visage des policiers avec un produit chimique quelconque.

« Il reste encore beaucoup de travail, a dit M. D’Antuono. Il y avait beaucoup de monde au Capitole, et plusieurs de ceux qui ont posé des gestes de violence ont aussi commis d’autres crimes. »

Seulement pour réussir à identifier l’individu qui a déposé des bombes près des bureaux républicain et démocrate, les policiers ont interrogé plus de 900 personnes, récolté quelque 39 000 fichiers vidéo et suivi plus de 400 pistes. Ils ont examiné les composantes des bombes, analysé la démarche du suspect et même décortiqué les ventes des souliers Nike particuliers qu’il portait.

Mais même après tous ces efforts, les enquêteurs ne savent toujours pas de qui il s’agissait. Ils espèrent maintenant qu’un regain d’attention pour la vidéo leur vaudra la piste dont ils ont besoin pour faire débloquer cette affaire.

Les bombes ont été placées devant les deux immeubles entre 19 h 30 et 20 h 30 le 5 janvier 2021, mais elles n’ont été trouvées par les forces de l’ordre que le lendemain. Elles ont ensuite été neutralisées et personne n’a été blessé.

Des images rendues publiques par le FBI montrent un suspect portant un chandail à capuchon gris, un masque et des gants qui semble cacher une bombe sous un banc à l’extérieur du comité national démocrate. Le même individu est ensuite vu dans une ruelle près du comité national républicain, où une bombe a aussi été placée.

Le suspect porte des souliers Nike Air Max Speed Turf noirs et gris pâle, avec un logo jaune.

« Nous utilisons toutes les méthodes d’enquête dont nous disposons pour trouver cet individu », a dit M. D’Antuono. Mais un an plus tard, les enquêteurs ne savent toujours pas s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Le suspect a transporté les bombes — qui avaient été confectionnées avec des tuyaux de métal, une minuterie de cuisine et de la poudre noire artisanale — dans un sac à dos.

Les sièges des comités nationaux républicain et démocrate se trouvent à quelques coins de rue du Capitole, mais les policiers ne savent pas si les bombes sont reliées à l’insurrection.

Et le fait que le suspect ait été camouflé de la tête aux pieds complique évidemment la vie aux enquêteurs.

« En temps normal, par exemple sans la COVID, quelqu’un qui déambule dans les rues (de Washington) entièrement couvert, avec un masque, des lunettes et des gants aurait attiré notre attention », a dit M. D’Antuono.