(Washington) La Cour suprême des États-Unis a examiné mardi la possibilité de réduire les peines pour des infractions mineures sur le crack, responsables de fortes disparités raciales dans les prisons américaines.

Les neuf sages ont discuté des moyens de corriger un écart – jugé « ridicule » par le magistrat Stephen Breyer – entre les peines pour trafic de crack et d’autres drogues, dont l’origine remonte aux années 1980.

À l’époque, le crack, un dérivé de la cocaïne fumable et moins cher, ravage les quartiers noirs et déshérités. Pour l’endiguer, le Congrès adopte une loi punissant sévèrement son trafic : 1 gramme de crack est désormais considéré comme 100 grammes de cocaïne en poudre dans le barème des peines.

La mesure accélère les condamnations, surtout d’hommes noirs. Elle est aujourd’hui jugée en partie responsable de l’engorgement des prisons américaines et de la surreprésentation des Afro-Américains dans la population carcérale.

En 2010, le Congrès a voulu rectifier le tir et équilibrer les peines en ramenant le rapport de 1 à 18 au lieu de 1 à 100, mais pas de manière rétroactive.

En 2018, dans un consensus rare sous la présidence de Donald Trump, les élus ont adopté une nouvelle loi, le « First Step Act », pour tenter de vider un peu les prisons, et ont rendu le texte de 2010 rétroactif.

Mais sa formulation est peu claire, et un doute persiste en ce qui concerne les personnes condamnées pour les infractions les moins graves, comme Tarahrick Terry.

Cet homme noir de 33 ans a été condamné en 2008 à 15 ans de prison après avoir été arrêté en possession de 3,9 grammes de crack destinés à la vente. Il demande aujourd’hui à la Cour suprême de clarifier la portée de la loi de 2018 pour pouvoir bénéficier d’une réduction de peine.

« Pourquoi le Congrès aurait-il inclus les barons de la drogue, mais pas les petits trafiquants ? », a demandé son représentant Andrew Adler. « Il n’a pas adopté une loi pénale avec le soutien des deux partis pour créer une nouvelle anomalie », a-t-il encore plaidé.

Il a reçu le soutien du gouvernement démocrate de Joe Biden et de sénateurs des deux partis.

Le temple du droit, qui tenait sa dernière audience de la saison 2020-2021, devrait rendre sa décision d’ici juin.