(Washington) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rendra en Ukraine en mai pour y témoigner du soutien « indéfectible » des États-Unis à Kiev après le déploiement de troupes russes à la frontière ukrainienne, a annoncé vendredi le porte-parole de la diplomatie américaine.

Moscou avait déployé jusqu’à 100 000 soldats près de la frontière avec l’Ukraine, ainsi qu’en Crimée, annexée par la Russie en 2014, mais a annoncé le 23 avril avoir entrepris de retirer ces forces, source de soulagement — au moins momentané — à Kiev et au sein de l’OTAN.

Le déplacement de M. Blinken le 5 et 6 mai a pour but de « réaffirmer le soutien américain indéfectible à la souveraineté et l’intégrité territoriale ukrainiennes face à l’agressivité actuelle de la Russie », a souligné Ned Price dans un communiqué.

Le chef de la diplomatie américaine devrait, à l’occasion de cette visite, être reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et pousser en faveur de mesures contre la corruption, une exigence de longue date des alliés occidentaux de l’Ukraine, a précisé M. Price.  

Les tensions entre Moscou et Washington sont au plus haut sur fond de désaccords sur l’Ukraine, autour du sort de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny et d’accusations d’espionnage, d’ingérence électorale et de cyberattaques imputées à Moscou.

Le président Joe Biden a proposé à son homologue russe Vladimir Poutine, lors d’un entretien téléphonique la mi-avril, que les deux hommes se rencontrent cet été dans un pays tiers pour un sommet visant à stabiliser les relations entre les deux puissances rivales.

« C’est la façon de faire vieux-jeu des chefs de la diplomatie, se rendre quelque part pour faire une opération de communication, dire “ Oui, les États-Unis se soucient de vous et soutiennent le gouvernement en place sur telles ou telles questions politiques ” », estime Yuval Weber, spécialiste de la Russie et de la zone eurasiatique à l’institut Kennan du Wilson Center, à Washington.

La récente démonstration de force de la Russie, selon lui, visait à envoyer un message à la nouvelle administration Biden.

Et bien que la Russie ait retiré des troupes après ce qu’elle a décrit comme des exercices militaires, elle a laissé sur place de l’armement, un parallèle clair avec les préparatifs qui avaient mené en 2008 à l’offensive contre la Géorgie, note le chercheur.

« L’accumulation de troupes a été dans une certaine mesure normalisée, donc la prochaine fois […] ce sera un peu moins surprenant », ajoute-t-il.