(Washington) Le département américain de la Justice a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête fédérale sur la police de Louisville, où des agents ont abattu il y a plus d’un an une jeune femme noire, Breonna Taylor, dans son appartement.

Les investigations visent à déterminer si les forces de l’ordre de cette ville du Kentucky « font un usage raisonnable de la force », ne se livrent pas à « des contrôles, des fouilles ou des perquisitions illégales », ou encore « à des pratiques discriminatoires », a déclaré Merrick Garland lors d’une allocution.

L’enquête portera également sur les formations fournies aux policiers de Louisville, ainsi qu’à leur encadrement et aux procédures disciplinaires en place, a ajouté le procureur général.

La semaine dernière, il avait lancé des investigations comparables à Minneapolis, la métropole du nord des États-Unis, où le policier blanc Derek Chauvin vient d’être reconnu coupable du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd.

Les enquêtes, dans les deux villes devenues épicentre de la colère contre les violences policières et le racisme, feront l’objet de rapports publics.

« Si des violations sont établies, le département de la Justice travaillera avec la ville et sa police pour se mettre d’accord sur les mesures correctives et préventives nécessaires », a précisé M. Garland. « Si un accord n’est pas trouvé, le département ira devant la justice civile » pour imposer des réformes, a-t-il ajouté.

Cette procédure a été utilisée à plusieurs reprises par l’administration de l’ancien président Barack Obama, notamment à Chicago, à Baltimore ou encore à La Nouvelle-Orléans. Mais son successeur républicain Donald Trump y avait renoncé.  

George Floyd, un quadragénaire noir, est mort le 25 mai 2020 après avoir été maintenu au sol avec le genou de Derek Chauvin sur son cou pendant plus de neuf minutes. Jugé coupable de meurtre à l’issue d’un procès retentissant, le policier sera fixé sur sa peine le 16 juin.

Mme Taylor, une aide-soignante de 26 ans, a été tuée le 13 mars 2020, quand des policiers ont fait irruption en pleine nuit à son domicile dans le cadre d’une enquête visant son ex-petit ami. Ils étaient munis d’un mandat dit « no knock », les autorisant à enfoncer la porte sans avertissement.  

PHOTO D’ARCHIVES FOURNIE PAR L’AVOCAT DE LA FAMILLE TAYLOR, VIA AP

Breonna Taylor

Son nouveau compagnon a cru qu’il s’agissait de cambrioleurs et a tiré un coup de feu avec une arme détenue légalement. Trois agents ont riposté et Breonna Taylor a reçu six balles.  

Fin septembre, la justice du Kentucky a annoncé qu’ils ne seraient pas poursuivis pour la mort de la jeune femme. Seul l’un d’eux a été inculpé pour avoir mis en danger les voisins de Mme Taylor.