(Washington) Le président américain Joe Biden a annoncé lundi une accélération de la campagne de vaccination aux États-Unis, mais lancé dans le même temps une mise en garde : « La guerre contre la COVID-19 est loin d’être gagnée ».

Confirmant la spectaculaire montée en puissance des dernières semaines, le locataire de la Maison-Blanche a promis que 90 % des adultes américains seraient éligibles au vaccin d’ici le 19 avril.

« Les progrès que nous avons accomplis sur la vaccination sont une belle histoire américaine », a-t-il lancé.

Mais ce nouveau calendrier chargé de promesses ne doit pas faire oublier les signes inquiétants d’une résurgence de la pandémie qui fait toujours près de 1000 morts par jour aux États-Unis.

« L’heure n’est pas aux célébrations. N’abandonnez pas maintenant ! » a lancé Joe Biden, appelant les gouverneurs et les maires ayant levé l’obligation du port du masque à faire machine arrière.

« Portez des masques ! C’est un devoir patriotique ! », a-t-il martelé.  

Après être resté stable pendant plusieurs semaines aux États-Unis, le taux d’infection repart désormais à la hausse, les chiffres les plus récents montrant une moyenne, sur sept jours, près de 60 000 nouveaux cas quotidiens.  

Ceci représente une augmentation de 10 % comparé à la semaine précédente. En parallèle, les hospitalisations sont passées à 4800 par jour, contre 4600 sur les sept jours précédents.  

Dans la matinée, une haute responsable sanitaire avait exhorté, très émue, les Américains à respecter « encore un peu » les mesures contre la propagation du coronavirus, en confiant craindre « un désastre imminent ».  

Tenant à sortir un moment de son discours de directrice des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique, Rochelle Walensky a appelé toutes les personnes influentes à sonner l’alarme.  

« Je vais prendre le temps de la réflexion sur l’impression tenace que j’ai d’un désastre imminent », a-t-elle lancé, lors d’un breffage de l’équipe de lutte contre la COVID-19 de Joe Biden.  

« Nous avons […] tellement de raisons d’espérer. Mais en cet instant, j’ai peur », a-t-elle confié.

« Nous y sommes presque… »

Revenant sur son expérience de médecin à l’hôpital, en première ligne pendant les débuts de la pandémie, Rochelle Walensky a dit savoir ce que c’est que « d’être la dernière personne à toucher l’être cher de quelqu’un d’autre parce que ceux qui l’aiment n’ont pas pu être là ».

Si elle a reconnu l’espoir provoqué par les « trois découvertes scientifiques historiques » derrière les vaccins utilisés aux États-Unis, la directrice des CDC a également souligné que la part de la population déjà vaccinée n’était pas encore suffisante pour empêcher un nouveau pic si les Américains ne respectaient plus les gestes barrière.

Elle a cité le Vieux Continent en exemple préoccupant.  

« La trajectoire de la pandémie aux États-Unis ressemble à celle de nombreux pays en Europe, dont l’Allemagne, l’Italie et la France, il y a tout juste quelques semaines. Et depuis, ces pays ont connu une hausse constante et inquiétante du nombre de cas », a-t-elle souligné.  

« J’ai vraiment hâte d’en avoir fini. Je sais que vous avez vraiment hâte d’en avoir fini. Nous y sommes presque… Mais pas encore », a encore déclaré Rochelle Walensky, la voix tremblante, par visioconférence.  

Aux États-Unis, 143 millions de doses ont été injectées et 16 % de la population a été totalement vaccinée, dont près de 50 % des plus de 65 ans.

Dans un développement positif lundi, une étude menée en conditions réelles a établi que les vaccins Pfizer et Moderna avaient démontré une efficacité de 90 % contre une infection au coronavirus.

Menés auprès d’un peu moins de 4000 soignants américains vaccinés, entre décembre 2020 et mars 2021, ces travaux ont également montré qu’une vaccination partielle avec une seule dose de l’un de ces deux vaccins — basés sur la technologie de l’ARN messager — avait permis une protection de 80 % deux semaines après l’injection.

Cette étude s’ajoute à l’ensemble croissant de données montrant que les vaccins n’arrêtent pas simplement le développement symptomatique de la maladie, mais aussi les infections elles-mêmes. Ce qui en fait un outil crucial pour freiner la propagation du virus.