(Paris) Les États-Unis dévoileront leur nouvel engagement de réduction des gaz à effet de serre d’ici le sommet international sur le climat organisé par Washington le 22 avril, a annoncé mardi l’émissaire américain pour le climat John Kerry, au cours d’une visite à Paris où il a rencontré Emmanuel Macron.

« Nous annoncerons notre NDC ( » contribution déterminée au niveau national « ) lors du sommet du 22 avril ou quelques jours avant », a déclaré M. Kerry mercredi midi lors d’une conférence de presse commune avec le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.

Emmanuel Macron sera l’un des participants au sommet, a précisé John Kerry en fin de journée après une rencontre avec le président français à l’Élysée.

« Le président Macron a exprimé son enthousiasme pour ce sommet […] et a dit vouloir travailler très étroitement avec le président Biden, pas seulement pour fixer un objectif de réduction des émissions mais sur les outils nécessaires pour y parvenir, en particulier la finance verte », a déclaré M. Kerry à l’issue de ce rendez-vous.

Le nouveau président démocrate Joe Biden a annoncé l’organisation par les États-Unis d’un sommet environnemental le 22 avril, le jour de la Terre.

Son prédécesseur républicain Donald Trump avait retiré les États-Unis de l’accord, mais Joe Biden y était revenu quelques heures après son entrée en fonction, en janvier.

En 2016, c’est John Kerry lui-même qui avait formellement signé l’accord au nom des États-Unis, en tant que chef de la diplomatie de Barack Obama.

L’accord de Paris laisse les États signataires libres de fixer eux-mêmes leurs objectifs de réduction des émissions de carbone, mais il les oblige à réviser régulièrement leur feuille de route, afin de contribuer à l’objectif collectif : limiter le réchauffement à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Sous le mandat de Donald Trump, la première économie mondiale avait renoncé à formuler des objectifs. L’annonce à venir de l’administration Biden est donc très attendue, les États-Unis étant le deuxième émetteur mondial de CO2 après la Chine.

Elle l’est d’autant plus que l’ONU a tiré la sonnette d’alarme fin février, en indiquant que seuls 75 pays (dont les membres de l’UE) sur les quelque 200 signataires de l’accord avaient soumis leurs engagements révisés avant le 31 décembre 2020.  

« Les émetteurs les plus importants doivent présenter des objectifs de réductions des émissions bien plus ambitieux pour 2030 dans leurs contributions nationales bien avant la conférence climat de Glasgow (COP26) en novembre », avait alors déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Interrogé par ailleurs sur les engagements de la Chine en matière climatique, jugés insuffisants par certains, John Kerry s’est abstenu de critiquer le premier pollueur mondial, qui s’est engagé à parvenir à la neutralité carbone en 2060.

« Il ne s’agit pas que de la Chine. Nous n’essayons pas de pointer du doigt une nation, nous disons que tous les pays qui émettent des gaz à effet de serre doivent être plus ambitieux » pour respecter les objectifs de l’accord de Paris.

« Aucun pays seul ne peut faire la différence. Même si la Chine était à zéro émission demain, nous aurions toujours un problème », a ajouté l’ancien secrétaire d’État.

« C’est un défi pour nous tous », a-t-il insisté. « Nous allons travailler, je l’espère, avec la Russie, l’Inde, la Chine, des pays avec qui nous avons des différends sur d’autres sujets » que le climat.

Bruno Le Maire a jugé également de son côté qu’il était « important de ne pas blâmer tel ou tel pays ». « Ce qui est important c’est pour chacun d’entre nous d’être aussi efficace que possible ».

Le ministre français a annoncé la mise en place de deux groupes de travail communs avec les États-Unis, l’un portant sur la taxonomie sur la finance verte, dans le but d’« harmoniser les règles » de part et d’autre de l’Atlantique, l’autre sur le projet européen de taxe carbone aux frontières, pour intéresser Washington aux discussions.